Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan a remporté samedi la Palme d'or du 67e Festival international du cinéma de Cannes pour "Winter Sleep"(Sommeil d'hiver), un huis clos psychologique de plus de trois heures ayant pour cadre un hôtel perché sur les hauteurs de l'Anatolie centrale. Ce film de 3h16mn analyse les relations complexes entre Aydin(Haluk Bilginer), un ancien comédien sexagénaire et riche propriétaire, sa jeune femme et sa soeur divorcée, enfermés tous les trois dans un établissement déserté par les touristes une fois l'hiver installé dans cette région montagneuse du centre de la Turquie. Encensé par la critique dès sa projection au deuxième jour du Festival, "Winter Sleep" tire sa puissance des dialogues et des situations qui mettent à nu la fausse image d'intellectuel au sens moral élevé d'Aydin, en s'attachant à démontrer au fil du film sa cruauté envers les siens. Cette mise à nu est également accentuée à travers la relation d'Aydin, véritable seigneur local, aux petites gens de la région qu'il méprise et humilie. Ce long métrage se distingue également par les images sublimant les grands espaces d'Anatolie qui contrastent avec les nombreuses scènes d'intérieur. Inspiré de trois nouvelles de l'écrivain russe Anton Tchekhov, "Winter Sleep" offre à son auteur la distinction suprême à Cannes, un festival où il avait déjà remporté deux fois le Grand prix (2003 pour "Uzac" et 2011 pour "Il était une fois en Anatolie") ainsi que le Prix de la mise en scène en 2008 pour "Les trois singes". Dix-huit longs- métrages étaient en compétition pour cette 67e édition du Festival de Cannes qui prendra fin le 25 mai.