Pour certains, le mouvement des non-alignés c'est comme utiliser un disque vinyle à l'heure où les autres utilisent le Bluetooth. Démodé et ringard. Le mouvement a pourtant survécu et ses idées davantage à mesure que le monde s'enfonce dans le chaos. Ils ne sont pourtant plus là pour tenir cette promesse : Nehru, Tito, Sukarno, Nasser ou Chavez. Seul Bouteflika demeure le dernier des Mohicans qui tente, en organisant ce sommet à Alger, à faire survivre une idée d'un monde égalitaire et juste où la loi du plus fort n'est pas une fatalité. Ramtane Lamamra, notre MAE formaté également à l'idée du non-alignement version Boumediene, en est également convaincu. "Le mouvement a un passé, un présent et un avenir", dira-t-il. Pour le passé, le refus de se dissoudre dans les deux anciens blocs issus de la guerre froide, USA-URSS, qui l'ont combattu, lui ont tourné le dos puis ont admis sa nécessité, peut donner raison à Bouteflika et son MAE. Malgré les crises successives, le non-alignement a puisé sa force dans le fait qu'il dépasse le cadre de la race (construction européenne par les Européens seulement), la religion (dépasse la coquille vide de l'OCI) ou de couleur (plus rassembleur que l'Union africaine). Sur ce plan, le non-alignement a réussi l'exploit d'avoir encore 117 pays qui croient encore à ses principes généraux. Pour le présent, les choses sont assez compliquées. Face à la puissance militaire de l'Otan ou sino-russe, les blocs, auxquels le non-alignement a toujours une soumission politique, ont également diversifié leurs moyens de pression sur les jeunes nations. Des instruments économiques et financiers tels que la Banque mondiale et le FMI pouvant, par leurs politiques d'ajustement, être plus destructeurs que des armées. Le tout coiffé par des instruments juridiques (la CPI ou la CIJ) ou l'ONU où les puissances disposent du sacro-saint Conseil de sécurité mais, heureusement, pas encore de l'AG. Quant à l'avenir, il s'inscrit en pointillés. L'Occident, toujours prompt à recycler les idées qui fonctionnent, voit dans l'altermondialisme une forme civique de non-alignement. Le sommet d'Alger doit réinventer le genre. Le non-alignement est dynamique dans le sens où cela ne veut pas dire neutralité. Et face aux défis de la sécurité, de l'antiterrorisme et des frontières, la phrase de Nehru qui disait qu'"une politique d'amitié avec les autres pays est peut-être la meilleure politique des garanties de notre sécurité" n'a jamais été aussi vraie dans le contexte sécuritaire régional qui nous affecte, nous Algériens. Nom Adresse email