Le nombre d'Algériens souffrant d'hypertension artérielle (HTA) pourrait atteindre les 5 millions d'individus en 2015, affirment gravement les spécialistes, l'HTA étant le facteur déclenchant de quelque 80% des maladies cardiovasculaires en Algérie. Selon le Dr Abdelkader Medebber, président du Club des médecins d'Oran (CMO), coorganisateur avec la Société algérienne d'hypertension artérielle (Saha) des VIIes Journées de formation médicale en cardiologie, hier à Oran, autour du thème central "L'HTA, le diabète et les coronaires", "plusieurs facteurs endogènes et exogènes contribuent à la croissance de l'HTA dans notre pays, notamment les nouvelles habitudes alimentaires et la surconsommation du sel et du sucre, la génétique, la sédentarité et le stress", a fait savoir notre interlocuteur dans un point de presse en marge de cette rencontre qui a été rehaussée par des spécialistes algériens et français. Ainsi, plus de 34% de la population quinquagénaire des deux sexes souffrent de cette maladie. Mais c'est le "couple infernal", à savoir l'hypertension et le diabète, qui concerne 60% des décès en Algérie qui est battu en brèche. Ce constat peu reluisant fait souffrir un Algérien sur trois, une prévalence qui semble aller crescendo. Dans l'esprit des organisateurs de cette Journée nationale sur l'HTA, le diabète et les coronaires, il s'agit de sensibiliser les médecins sur la nécessité d'optimiser la prévention comme premier enseignement. Dans ce contexte, plus de vingt cycles de "mise à niveau" au profit des médecins généralistes ont été organisés par le CMO. De l'avis des spécialistes, la consommation effrénée du pain en Algérie représente un facteur déclenchant des maladies cardiovasculaires. "Les industriels du pain ne veulent pas diminuer le taux de sel (6 g par baguette de 250 g) car c'est un conservateur", indique-t-on. Quand on sait que le métabolisme humain a besoin de seulement 3 g de sel par jour, on laisse deviner les ravages qui sont engendrés par cette "irresponsabilité professionnelle". L'évolution spectaculaire de cette affection inquiète les spécialistes et, en particulier, les cardiologues qui évoquent la nécessité d'une sensibilisation permanente des populations à risque, mais également des recherches poussées pour de nouveaux traitements de l'hypertension artérielle. Notre interlocuteur évoquera également l'absence des nutritionnistes dans les cycles d'accompagnement et de sensibilisation des cardiologues. Une spécialité depuis longtemps versée dans les programmes de vulgarisation et de formation européens. Cette situation se répercute sur le citoyen puisque 52% des Algériens ne se savent pas hypertendus. À Constantine, 40% des 62% d'hypertendus souffrent aussi d'obésité, conséquence liée à la sédentarité, précise-t-on. Mais c'est le sud du pays qui est touché par une prévalence de 45% d'hypertendus pour un taux de 30% pour les habitants du littoral algérien. Un thème présenté par le Pr A. Chibane (Alger) sur les particularités de l'hypertendu algérien fait ressortir que 14% des hypertendus traités sont équilibrés, dont 21% à Constantine et 23,6% à Tlemcen. Enfin, une étude sur 28 000 patients algériens, tunisiens et marocains sur l'HTA démontre que 29% des cas nouvellement traités sont méconnus. D'où l'intérêt de prendre en charge de manière précoce les individus hypertendus avec la multiplication des campagnes de sensibilisation, mais surtout par la réalisation d'espaces d'activités sportives de proximité à l'effet de contribuer à réduire la hausse de l'HTA en Algérie. K R I Nom Adresse email