La problématique de la transcription des noms et prénoms des documents administratifs de l'état civil se pose toujours avec acuité pour non-association des travaux de recherches des universitaires et des réflexions découlant des spécialistes en la matière. "En plus de nous heurter au refus des pouvoirs publics d'accéder à l'information, nous devons aussi subir les difficultés à avoir un chiffre sur les erreurs de translittération de l'état civil dans les différentes APC du pays", a déploré, hier, à Oran, Ouerdia Yermeche, chef de division "Anthroponomie" Rasyd/Crasc. C'est autour du thème "Anthroponomie, état civil et écriture(s) en Algérie : re/penser la gestion ?", organisé conjointement par la division "Anthroponomie" de l'Unité de recherche sur le système de dénomination en Algérie (Rasyd) et le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), que s'est ouvert ce séminaire national portant sur les recherches et les réflexions qui intègrent des approches pluridisciplinaires (historiques, juridiques et linguistiques.) Ces dernières années, l'arabisation et l'informatisation des fichiers d'état civil, la mise en application du passeport biométrique ont donné à la problématique de l'état civil et à la transcription des noms propres de personnes (patronymes et prénoms) une dimension exponentielle aux dysfonctionnements graphiques, lors de la délivrance des documents administratifs et leur mise en conformité, notamment par le biais du document 12 S (extrait d'acte de naissance 12 sécurisé). La transposition en caractères arabes des noms transcrits en caractères latins (et vice-versa) a montré la nécessité de se pencher sur les modalités de la translittération des noms propres d'un système linguistique à un autre. "Nous traînons un legs depuis la colonisation française (et) aujourd'hui, le problème de l'état civil s'est accentué avec l'arabisation débridée de l'état civil dans les années 1980, sans prendre en considération les normes administratives car aucune réflexion n'a été prise en compte par les pouvoirs publics", a affirmé notre interlocutrice dans un point de presse en marge du séminaire. Selon elle, "c'est l'anarchie totale au niveau de l'état civil, ajoutée aux conditions de travail déplorables et un personnel non qualifié et non formé qui greffe les services d'état civil". Le constat est le même en dépit des travaux des équipes de recherche qui se sont penchées depuis des années sur cette thématique de la transcription et de l'organisation des noms propres de personnes dans le cadre de projets nationaux de recherche (PNR) et de projets d'établissement (Crasc). Des rencontres scientifiques tenues par le passé ont également traité de ce problème de la transcription des noms algériens sur les documents administratifs, mais qui est resté lettre morte. C'est l'objectif de ce séminaire qui a rassemblé les compétences des différents secteurs pour croiser les réflexions pluridisciplinaires liées aux articulations historiques, juridiques et orthographiques de la gestion des noms propres, dans la diversité des souches historiques et de leurs articulations linguistiques (amazighes, arabes et autres). "La nomenclature des prénoms berbères est un autre problème de dimension nationale encore non résolu car il ne tient pas compte des paramètres algériens", a-t-on indiqué. C'est dans cet esprit qu'il est impératif d'œuvrer pour la mise en place d'une normalisation de l'écriture des noms propres de personnes et, dans la continuité de cette réflexion, proposer un système de translittération des caractères arabes en caractères latins, commun aux pays du Maghreb et du Sahel, et ce, conformément aux recommandations du Groupe des experts des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques. Il reste aussi que pour les chercheurs et les universitaires, l'autre problématique majeure réside dans le fait qu'ils n'ont jamais été sollicités par les ministères de l'Intérieur et de la Justice dans la prise de décision politique. K. R-I. Nom Adresse email