La Centrale syndicale monte au créneau pour dénoncer la précipitation des ministres du Commerce et de l'Industrie. L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) estime que l'Algérie n'est pas encore prête à une accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). "À l'heure actuelle, notre pays ne dispose pas encore d'atouts à même de réussir son adhésion", déclare Guettiche Ahmed, secrétaire national chargé des relations générales de l'UGTA. Pour ce syndicaliste, l'Algérie négocie avec les autres pays membres son appartenance à cette organisation en position de faiblesse. Quelles armes, s'interroge-t-il, l'Algérie utilisera pour faire face à la concurrence féroce qu'imposeront ses futurs partenaires dans ce vaste espace commercial ? "Les produits algériens pourront-ils concurrencer ceux des autres pays en termes de qualité et de quantité ?" se demande M. Guettiche qui ne tarde pas à répondre, lui-même, à cette question par la négative. Il avance comme argument les exportations hors hydrocarbures qui n'arrivent plus à dépasser les 2 milliards de dollars. Pis, même ces produits exportés sont, dans leur majorité, des dérivés du pétrole... "Devant pareille situation, il serait plus judicieux de ne pas précipiter cette accession et de l'effectuer au contraire par étapes en approfondissant davantage, les études et les consultations de toutes les parties concernées", suggère le secrétaire national. "On doit préserver la souveraineté nationale et ne pas hypothéquer l'avenir des générations à venir", ajoute-t-il. Le secrétaire général de l'UGTA, M. Sidi-Saïd, a, à ce propos, rappelé la position de la Centrale à plusieurs reprises. "L'OMC ne doit être ni une obsession ni un objectif. L'adhésion à cette organisation est juste une perspective", a-t-il expliqué lors de la 3e session du Comité national de suivi des engagements du pacte national économique et social de croissance. La priorité, selon lui, est à la construction d'une économie nationale "forte". "Avant d'aller à l'OMC, il faut travailler ensemble (gouvernement, syndicat et patronat) pour mieux se placer dans l'économie mondiale", a-t-il souligné tout en considérant que l'OMC "n'est même pas une référence en matière d'organisation du commerce mondial, car ses initiateurs eux-mêmes sont les premiers à adopter des politiques économiques protectionnistes". La position de la Centrale syndicale se veut donc une réponse directe mais sèche au ministre du Commerce, Amara Benyounès, qui avait indiqué, lors de son installation à son nouveau poste, que la priorité absolue de son département était de parachever, dans les plus brefs délais, le processus d'accession de l'Algérie à l'OMC. L'intransigeance de l'Union est également maintenue pour la règle 51/49% qui régit l'investissement en Algérie. "C'est un acquis", soutient mordicus M. Guettiche qui demande son maintien pour tous les secteurs d'activité sans exclusive. Ce règlement constitue, relève-t-il, un véritable garde-fou protecteur de l'économie nationale. La règle "n'est plus éligible à aucune remise en cause", avait signifié, pour sa part, Sidi-Saïd, il y a quelques mois de cela. Ce n'est pas de l'avis du ministre de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb, qui vient de rassurer les opérateurs économiques français quant à la volonté de l'Algérie de lever tous les obstacles qui freinent l'investissement. Il a indiqué qu'en attendant la refonte totale du code des investissements, des mesures, visant l'amélioration du climat des affaires et la simplification de l'acte de création d'entreprise, seront prises. Fait-il allusion à la suppression de la règle 51/49% qu'il qualifie d'ailleurs, de "mesure transitoire" prise dans un "contexte de fragilité face à une crise mondiale aiguë ?" B. K. Nom Adresse email