Les intoxications alimentaires, appelées par les médecins toxi-infections alimentaires, font entre 4 000 et 6 000 victimes chaque année en Algérie. Un chiffre qui ne reflète pas la réalité car il ne s'agit que de cas déclarés aux services de la santé publique. L'été est la période favorable à leur multiplication pour la bonne raison que les microbes aiment bien les températures élevées, d'une part, mais, d'autre part, un autre facteur est tout de suite mis en cause, à savoir les mauvaises conditions de conservation des aliments, notamment les produits facilement altérables. L'UGCAA a organisé, hier, une conférence de presse où son président est revenu sur ces intoxications avec des spécialistes qui ont traité le sujet sous toutes ses formes. Insistant sur le rôle primordial de la prévention, il n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger les collectivités locales à prendre leurs responsabilités dans ce volet vis-à-vis des marchés informels, source directe des intoxications alimentaires. "Le pays, dira-t-il, compte 1 541 communes disposant toutes d'un BCH (bureau communal d'hygiène) chargé de contrôler les produits particulièrement périssables. Les agents affectés à ce service sont plus nombreux que ceux du ministère du Commerce qui, faut-il le dire, déploient des efforts considérables dans ce sens. Tout le monde sait qu'une grande partie des produits vendus sur le marché informel présente des risques pour la santé publique. Aussi, est-il devenu une nécessité de lutter efficacement contre ces marchés. Nous entreprendrons dans ce cadre une campagne de sensibilisation des commerçants, surtout que nous sommes à la veille du mois sacré de Ramadhan où la consommation représente plus de 70% du budget de la famille." Ne badinez pas avec la congélation ! Invité à la conférence, le Dr Ahmed Tchicou, chercheur universitaire, membre de l'Association des médecins légistes, mais surtout spécialiste en cryogénie (science de la congélation des aliments), tient tout d'abord à distinguer les intoxications alimentaires en deux catégories : la forme passive qui concerne les aliments contenant le microbe et l'autre forme quand c'est l'aliment lui-même qui est à l'origine directe de l'intoxication. "L'intoxication, explique-t-il, peut apparaître au bout d'une heure comme elle peut survenir quelques jours après l'ingestion des aliments mis en cause." Tout en donnant quelques chiffres sur les intoxications alimentaires dans certains pays développés, le spécialiste affirme que la multiplication de ces dernières est due au phénomène de la mondialisation "car dans le temps, lorsque les moyens étaient moins disponibles, on consommait local, mais avec la concurrence dans les prix, beaucoup de produits sont proposés sur le marché dont on ne connaît pas la provenance". Et c'est justement à cet égard que le chercheur appuie son accusation, remettant en question la chaîne de conservation mal contrôlée. Pour lui, certains produits, comme les œufs, ne font pas l'objet d'une conservation conforme aux normes. Ces derniers, à titre d'exemple, devraient être conservés à une température ne dépassant pas 4° au réfrigérateur. De même que les aliments (restes de repas) ne doivent pas y rester plus de trois jours, alors que la viande hachée est bannie du congélateur. S'agissant de la décongélation des aliments, il est nécessaire de faire l'opération graduellement, en plaçant ceux qui sont à consommer durant quelques heures dans le réfrigérateur pour éviter une détérioration directe. En cas de rupture de la chaîne du froid (coupure d'électricité), il est conseillé de consommer les aliments congelés. L'Apoce : les maires refusent de s'impliquer Le président de l'Association de la protection des consommateurs et de l'environnement (Apoce), le Dr Mustapha Zebdi, revient à la charge pour pointer du doigt le laxisme des bureaux d'hygiène communaux (BCH) créés par décret n°87/146 et, par translation, les maires qui ne veulent pas s'impliquer dans le contrôle des marchés informels à l'origine de beaucoup de cas d'intoxications alimentaires. "Ces bureaux, précise-t-il, comptent un médecin et quatre techniciens pluridisciplinaires." Nom Adresse email