En 2007, 28 formations djihadistes avaient la même idéologie qu'al-Qaïda. En 2013, le chiffre double pratiquement pour atteindre 49 groupes de la même violence. Dans le même temps, le nombre d'actions djihadistes par an a pratiquement été multiplié par dix : d'une centaine à 950. Après le gouvernorat al-Anbar avec la ville de Falloujah, mythique pour les Marines américains, désormais aux mains des djihadistes qui ont trouvé appui ou neutralité auprès des tribus sunnites écœurées par le sectarisme du Premier ministre irakien le chiite Maliki. Mossoul, 3e ville d'Irak entourée de champs de pétrole, est aux mains des djihadistes qui contrôlent désormais une zone à cheval sur le nord-est de la Syrie et le nord-ouest de l'Irak. Défaite de l'Occident face au phénomène djihadiste ? La réponse coule de source avec la recrudescence des attaques djihadistes, dont la spectaculaire contre-offensive de l'EIIL en Irak, ce pays où les Etats-Unis avaient expérimenté à grande échelle leur potion contre un islamisme radical et violent qu'ils ont réveillé au lendemain du 11 septembre 2001, par l'invasion de l'Afghanistan, puis de l'Irak. Le locataire de la Maison-Blanche de l'époque, George W. Bush, avait pourtant développé des moyens colossaux, mais surtout avait rallié à sa croisade contre le terrorisme islamiste la grande majorité des membres de l'ONU qu'il a d'ailleurs asservie. A chacune de ses interventions militaires et/ou politiques, diplomatiques et économiques, par le biais de sanctions et d'actions de la CIA, Washington racontait avoir porté le coup fatal à l'islamisme. Comme dans la légende du monstre à 7 têtes, les djihadistes reparaissaient après chaque étape, élargissant leur théâtre d'intervention jusqu'à ce qu'il prenne l'allure d'une immense toile s'étendant des côtes atlantiques de l'Afrique jusqu'en Afghanistan où il a pris naissance dans les années 1980, contre l'occupation soviétique et dont il a signé le glas. Des chiffres parlant d'eux-mêmes rapportés par la prestigieuse boîte à idées américaine Rand Corporation. En 2007, 28 formations djihadistes dépendant ou comme al-Qaïda. En 2013, le chiffre double pratiquement pour atteindre 49 groupes de la même idéologie et de la même violence. Dans le même temps, le nombre d'actions djihadistes par an a pratiquement été multiplié par dix : d'une centaine à 950. Le champ d'action et les théâtres d'opérations se sont eux aussi copieusement élargis. Le président néoconservateur américain George W. Bush qui a rêvé de bâtir une Amérique impériale, puis le démocrate Barack Obama, qui lui a succédé pour recentrer les Etats-Unis sur ses défis internes, ont tour à tour augmenté le budget de leur armée. En moins de 10 ans, les dépenses de défense américaines ont fait un bond de 600 milliards de dollars. Des résultats qui désavouent tout aussi bien les 2 mandats de l'administration va-t-en-guerre néoconservatrice que le mandat et demi d'Obama avec son lot d'échecs comme en témoigne l'actuelle désintégration de l'Irak qu'il a abandonné au sort des djihadistes, celle programmée de l'Afghanistan que les GI'S vont lâcher en fin d'année, ou, proche de nos frontières, le chaos libyen. Tour d'horizon de ces explosions djihadistes. La dernière : l'offensive djihadiste en Irak révélatrice des ordres post-coloniaux laissés par les Etats-Unis. 7000 islamistes armés de bric et de broc défonçant une armée de plus de 100 000 hommes équipés à l'américaine : tenues, lunettes, gestuelles et armements. Des soldats entraînés par des Marines et des GI'S, abandonnant armes et vêtements militaires, pourtant entraînés par des Marines et des GI'S. La débandade de l'armée irakienne devant les djihadistes s'explique par le fait que les soldats n'étaient pas prêts à se sacrifier pour un régime corrompu et, de surcroît, comme tous ses pairs arabo-musulmans a encouragé l'émergence de l'islam extrémiste. Toute honte bue, l'impopulaire Premier ministre irakien réclame le retour des militaires américains. Si les Etats-Unis réaffirment que l'envoi de troupes au sol n'est pas envisagé, la Maison-Blanche fait état de possibles frappes menées par des drones. La coalition de Maliki "pour l'Etat de droit" arrivée en tête aux dernières élections législatives de fin avril 2014, mais avec 92 députés, aura vécu. La seule solution alternative pour sauver son fauteuil : céder le statut de Mossoul et de Kirkuk et des champs pétroliers qui les entourent aux Kurdes qui en revendiquent le contrôle et dont les peshmergas sont capables d'arrêter le bulldozer djihadiste. Les peshmergas disposent en effet d'une force de plus de 150 000 hommes bien entraînés, équipés et disciplinés. Ce qui n'est pas le cas de l'Armée nationale irakienne, dissoute par les Américains et reconstituée à partir de 2009, en n'incorporant que des milices chiites sans tradition ni valeur militaire. Au Pakistan, les talibans exploitent le sentiment anti-américain nourri, notamment, par les frappes aveugles de drones de l'armée américaine mais aussi de l'incapacité des autorités d'Islamabad à bâtir un Etat de droit et assurer le développement équitable. Même la première puissance économique de l'Afrique n'a pas échappé à ce phénomène. Le Nigeria face au groupe djihadiste Boko Haram fait appel aux Occidentaux, la France et les Etats-Unis. Ce qui est préoccupant dans la subite montée des djihadistes tient au fait que les Etats concernés ont une importance stratégique dans leur contexte régional, qu'il s'agisse de la Syrie et de l'Irak où sévit l'EIIL, de l'Afghanistan et du Pakistan travaillés par les talibans, du Nigeria, du Sud libyen et d'autres régions du Sahel saharien, où sont en embuscades l'Aqmi et le Mujao. Si l'impact stratégique de l'offensive djihadiste est une préoccupation d'importance pour l'Occident, il l'est tout autant sinon plus pour la stabilité de ces régions. Pour de nombreux analystes, l'avancée de l'EIIL en Irak aura des conséquences majeures sur la géopolitique et le leadership djihadiste, le frère ennemi d'al-Qaïda devenant un acteur central sur la scène djihadiste. D. B. Nom Adresse email