Située à mi-chemin entre les deux grandes villes, Annaba et Constantine, c'est tout naturel qu'elle soit contaminée par les phénomènes criminels qui, d'ailleurs, ont affecté toutes les villes du pays. Après Annaba, la Coquette, qui a beaucoup changé, mais qui vous laisse toujours une indescriptible empreinte à l'esprit malgré la chaleur torride et le retour en gros des moustiques, direction Skikda. Un peu loin de la fête de la fraise, mais plus près de la poursuite de la grève des employés de la société de gardiennage. Des mois que cela dure malgré les tentatives de la direction de négocier leurs revendications. Mais le bloc s'est quelque peu disloqué lorsque certains d'entre eux ont accepté l'offre de la direction qui répond à certaines de leurs doléances. Coincée entre Annaba, à l'Est, Constantine, au Sud, et bien loin du Centre, la ville paraît un peu isolée et s'enferme dans un conservatisme qui ne dit pas son nom. À l'image des villes qui ne se sont pas débarrassées de leur rythme tribal. Cela apparaît surtout dans la violence, la délinquance et la criminalité qu'elle connaît. Les cinq crimes enregistrés depuis le début de l'année sont des crimes de sang, selon un état établi par le groupement local de la Gendarmerie nationale. Mais étant située à mi-chemin entre les deux grandes villes, Annaba et Constantine, c'est tout naturel qu'elle soit contaminée par les phénomènes criminels qui, d'ailleurs, ont affecté toutes les villes du pays. Vol de bétail, contrebande, surtout le ciment, alcool, bois, sable et carburant. Et le trafic de drogue, mais en quantités relativement inférieures à celles saisies dans les autres régions du pays. Depuis peu, c'est-à-dire depuis le regain de tension à la frontière Est, est venue se joindre à la panoplie de produits de contrebande et de trafic, la poudre noire pour la fabrication des munitions. En effet, depuis le verrouillage opéré au niveau de la frontière avec la Tunisie et la Libye, les amateurs de la contrebande de poudre se sont remis à la fabrication artisanale destinée, a priori, à la chasse. Mais elle peut être détournée vers un usage criminel par les groupes terroristes. Fabriquée dans la zone de Tébessa et ses environs, destinée à la région qui s'étend jusqu'à M'sila connue aussi bien pour la fabrication que le trafic d'armes, cette activité a trouvé une clientèle au-delà de son périmètre. D'où la saisie par les éléments de la gendarmerie de 150 kg de cette poudre à Skikda dont l'auteur (client) a avoué l'avoir acquise d'un fabriquant de Guelma. Avec l'ouverture d'une partie du tronçon de l'autoroute qui traverse la wilaya, les services de sécurité, notamment la gendarmerie, ont dû revoir leur plan de sécurité en intensifiant leur présence sur la voie à travers des patrouilles mobiles, des barrages fixes et une surveillance constante des accès. Il y a aussi les sites sensibles qui sont concernés par le dispositif de sécurisation. Les ports (commerce, pétrolier et pêche), la zone industrielle, les deux pipelines (pétrole et gaz), la Sonatrach et la zone des dépôts, l'usine de mercure ainsi que la base vie de l'entreprise japonaise Coojal chargée de la réalisation du tronçon Est de l'autoroute. La matinée, la chaleur a déjà atteint un pic hors saison. Le mouvement s'alourdit et les pas deviennent lents. Les gens désertent les rues. Le plus est à venir, nous dit-on. Evidemment, ce n'est pas tout le monde qui est interlocuteur dans cette ville qui prend une petite distance devant ses visiteurs. Malgré cet écart, cette distance aux allures de méfiance, son littoral continue d'attirer des foules pendant la période estivale qui donne lieu parfois à des "frictions". Cependant, tous les accès aux plages sont sécurisés en permanence durant cette période. Demeure, surtout, la petite délinquance qui n'est pas l'apanage de cette wilaya à l'écart des autres, et qui est, pour beaucoup, une des conséquences de la décennie noire. Le phénomène le plus récurrent, comme il est constaté un peu partout à travers le pays, particulièrement dans les villes vivant sous la chape du conservatisme, est la vente illicite d'alcool. Des centaines de bouteilles sont régulièrement saisies par la gendarmerie lors de ses descentes. Mais cela ne dissuade pas pour autant les vendeurs qui reviennent à leur activité quelques jours après. Les consommateurs également y reviennent, ne trouvant pas d'endroit légal pour boire. Cela tourne alors au jeu du chat et de la souris. Une petite descente sur le littoral confirmera rapidement cette situation. Des centaines de bouteilles d'alcool en tout genre ont été saisies en un temps record. Les gendarmes, en intervenant souvent dans ces lieux clandestins, entendent surtout réduire leur implantation, mais surtout éviter que ces lieux prennent de l'ampleur et deviennent des repaires pour délinquants de tout bord. Notamment les trafiquants de drogue et de psychotropes. D. B. Nom Adresse email