Le pianiste martiniquais s'est produit vendredi soir sur la grande scène de la place Moulay-el-Hassan à Essaouira, dans le cadre de la 17e édition de ce festival, qui devait prendre fin hier soir. Mario Canonge s'est produit d'abord avec sa formation, réussissant à transporter l'assistance et même à la faire danser ; il a ensuite "fusionné" avec maâlem Mohamed Kouyou. Dans cet entretien, accordé quelques heures avant sa prestation, il évoque cette rencontre avec les Gnawa. Liberté : Qu'est-ce qui vous a intéressé en premier pour entreprendre cette fusion avec les Gnawa ? Mario Canonge : D'abord, cette rencontre se fait grâce à Karim Ziad que je connais depuis Paris, c'est lui qui m'a invité à venir à ce festival et qui m'a proposé cette rencontre avec les musiciens gnaoua. Et donc nous nous sommes rencontrés hier (la veille du spectacle), nous avons travaillé et joué un petit moment ensemble, et c'est une rencontre fabuleuse parce que c'est une musique très profonde que je connaissais déjà un petit peu grâce à Karim d'ailleurs. C'est une musique ancestrale, une musique profonde, une musique qui parle, qui pénètre l'âme, le corps. Moi, je viens de la Martinique, et chez moi, il y a des musiques traditionnelles aussi, basées sur le tambour et le chant, qui ont également leur spécificité, mais nous avons une culture dans les Antilles qui est plus récente que celle des Gnawa, puisque nous avons dans les Antilles quatre cents ans maximum d'existence, alors que les Gnawa c'est bien plus vieux que cela. Donc, j'ai beaucoup de respect pour ces musiques qui perdurent à travers le temps et qui ont une force, qu'on le veuille ou non, qui nous transporte. Cette rencontre avec les musiciens gnaoua a-t-elle été facile ? De toute façon, rien n'est jamais facile, c'est pour cela que je dis que puisque ce n'est pas ma culture, c'est une culture différente que je découvre, en jouant avec eux, j'essaie simplement d'avancer avec humilité et d'essayer de comprendre un petit peu ce qui se passe. De communiquer au fur et à mesure, d'entrer tout doucement dedans jusqu'à ce qu'il y ait une espèce de fusion. Tout de même, le jazz est assez ouvert musicalement et s'adapte à d'autres univers. Alors justement, le jazz permet cela, grâce à l'harmonie et à la rythmique qui est toujours ouverte. On peut être ouvert, peut-être plus facilement dans le jazz, à d'autres musiques, cela ne signifie pas qu'on les jouera aussi bien. Je ne vais pas jouer la musique gnaoua comme un Gnawa, mais je vais essayer de m'y glisser, pour apporter quelque chose de différent sans que cela perturbe la musique non plus. Donc, il faut essayer de faire ce mélange, ces rencontres parce qu'on dit que la musique est un langage universel. Cette rencontre vous inspire-t-elle et aura-t-elle un impact sur vos projets futurs ? Il y a des chances. De toute façon, même en vivant à Paris, cela m'a déjà inspiré, parce que grâce à Karim Ziad j'avais déjà découvert un petit peu cette musique. C'était déjà quelque chose qui me parlait depuis un moment, et donc de rencontrer ces musiciens et de jouer avec eux c'est quelque chose de magnifique qui va certainement influer sur moi. Nom Adresse email