Main de fer contre l'islamisme mais qui n'épargne aucun musulman chinois : la stratégie de Pékin risque plutôt remettre le feu au Xinjiang. En exécutant 13 personnes condamnées pour "terrorisme" dans la province musulmane, les autorités chinoises disent asséner un exemple à la tentation islamiste, prévenir sa montée et ses dérives djihadistes. Cependant, ce tout répressif risque avec ses inévitables accidents collatéraux d'exacerber les tensions sans mettre fin aux violences, préviennent les experts. Confronté depuis des années à une extension de la lutte d'autonomistes pour une réel autonomie, au lieu et place de celle de façade en vigueur, et à des manifestions d'islamistes radicaux et violents, dans leur immense territoire aux confins de l'Asie centrale mais aussi en dehors, Pékin a ainsi frappé fort ces derniers jours pour montrer sa détermination d'écraser sans merci la rébellion ouïgour. Les médias chinois, aux ordres comme la justice et le reste, organisent depuis la condamnation à la peine capitale de 3 terroristes du Xinjiang, la semaine dernière pour "complicité" dans le spectaculaire attentat-suicide place Tiananmen à Pékin, et l'annonce de l'exécution de 13 autres personnes du Xinjiang, également pour terrorisme, ont lancé la campagne de la mobilisation tous azimuts des énergies de la Chine pour porter le coup "dévastateur" aux terroristes et séparatistes du Xinjiang. Le Xinjiang, qui occupe un sixième du territoire chinois et une situation géographique stratégique, a une longue histoire de soulèvements contre le pouvoir central chinois et n'a été annexé qu'au prix de campagnes militaires meurtrières. Sa première ethnie, les Ouïgours, est en bonne partie hostile à la tutelle de Pékin. Ces musulmans turcophones se disent exclus de la vigoureuse croissance dopée par les efforts d'investissements de Pékin, l'implantation massive de chinois non musulmans, les Hans, et entravés dans la pratique de leur religion et de leur culture. Selon les autorités, ce sont des extrémistes ouïgours qui ont perpétré le 28 octobre 2013 l'attentat au cœur de Pékin, dans l'emblématique place Tiananmen. Depuis, d'autres attentats dans des lieux publics ont été imputés par les autorités chinoises à des Ouïgours du Xinjiang. Pékin mène parmi ses communautés musulmanes des vagues d'arrestations de personnes "soupçonnées" de terrorisme, organisant dans la foulée des procès, massifs et expéditifs, avec des exhibitions publiques de condamnés. D. B. Nom Adresse email