Il y a quelques jours, on parlait encore et toujours de la violence faite aux femmes. De cette irrésistible habitude de certains hommes à trouver leur virilité dans la violence contre les femmes. Mais quand un homme politique se lâche contre elles, du perron de la Présidence, il y a désordre. And the winner is : Abdelmadjid Menasra. Si, pour certains, ce nom ne dit rien, Menasra est le président du Front du changement (FC). Et du changement, il en veut. Parti confidentiel, Menasra est un ancien dissident du Hamas et s'autoproclame souvent comme le fils spirituel de Mahfoud Nahnah. En un mot, un islamiste. Et que dit l'adepte du changement ? Eh bien, il "rejette un article confus contenu dans l'avant-projet de la Constitution relatif à la parité homme-femme dans le cadre sociétal et familial". En un mot, les femmes doivent rester à leur place. En dessous des hommes (toute connotation sexuelle à bannir). Il est déjà pénible de devoir s'arrêter sur des propos aussi misérables en 2014. Mais il le faut bien. Appelé par Ahmed Ouyahia pour "enrichir" la Constitution, en plein chantier, Menasra n'a rien trouvé à "proposer" que de s'attaquer à l'article 31 qui consacre la parité homme-femme dans la société algérienne ! Disons-le, un des rares articles qui consacrent le progrès sociétal. Ce serait facile de résumer la micropensée islamiste sur la femme à cette attaque verbale. Menasra n'est pas le seul islamiste dans le monde arabe ou en Algérie qui, quand il n'a rien à dire de constructif, revient à cogner sur le même punching-ball qu'est la femme algérienne. Comme le nouvel opposant de l'ex-FIS, Kamel Guemazi expliquait, déjà en 1991, que la femme ne doit pas travailler car son argent lui sert à acheter du rouge à lèvres. Les fabricants de cosmétiques apprécieront. Mais ce qui est dramatique est que cette saillie soit déversée au cœur de la République, à la Présidence, à la sortie d'une audience. Qu'on le veuille ou pas, les progrès enregistrés dans la promotion des droits des femmes n'ont jamais été aussi importants que durant les 15 dernières années. La parité homme-femme a été matérialisée en politique (la règle des 30%) et des progrès sont faits malgré des résistances tenaces sur l'accès à l'emploi, à l'éducation et au logement pour les femmes. Mais qu'un prétendu homme politique remette en cause des années de lente mise à niveau du droit des femmes dans une société déjà largement machiste et misogyne, cela devrait tomber sous le coup de la future Constitution pour sanctionner des paroles d'un autre âge. M.B Nom Adresse email