Premier chapitre : "L'enfant qui changera ma destinée..." - Yemma, j'ai besoin de toi, de ta bénédiction ! Prie pour moi, pour que cette grossesse arrive à terme ! J'ai peur ! Zina essuie ses larmes, gardant une main sur son ventre légèrement rebondi. Guemra secoue la tête et respire profondément. Elle s'efforce de ne rien laisser paraître de son émoi. Elle ravale les larmes qui lui montent aux yeux. Elle prend la main de sa fille et la serre. - Aie la foi ! Tu es entre les mains d'Allah ! Incha Allah, tout se passera bien ! Il te reste trois mois... Ils passeront en un éclair ! La jeune femme le voudrait tant. - La dernière fois... - Chut, oublie ! Moi aussi, quand j'avais ton âge, j'ai fait des fausses couches... Mais, louange à Dieu, Il m'a permis de t'avoir ainsi que ton frère ! Alors, garde la foi et prie pour que cette grossesse aboutisse ! Tu es bien suivie par ton amie gynécologue ! Au moindre souci, tu l'appelles, tu m'appelles ! - Pourquoi ne resterais-tu pas quelque temps ici ?, propose Zina. Je me sens seule et j'ai si peur... J'ai un mauvais pressentiment ! - Arrête d'avoir des idées noires ! Va prier ! Avec la protection divine, tu deviendras mère toi aussi ! Que voudrais-tu que je te prépare avant mon départ ? Je m'étais entendue avec ton père pour qu'il vienne me chercher en fin d'après-midi ! - Je voudrais des beignets à la confiture... Guemra va inspecter le contenu du placard. Il n'y a pas de levure, et le peu d'huile qu'il restait en bouteille ne suffirait pas pour la cuisson. - Les beignets, je te les ferai demain ! J'ai de la confiture de figues à la maison ! - J'en ai envie aujourd'hui, maintenant, dit Zina d'un air confus. J'ai chaud, je vais me rafraîchir le visage ! Guemra soupire, elle ne supporte pas de voir sa fille déçue. Elle fouille dans son sac et sort son haïk blanc. Elle s'entortille dedans, en attache les bouts avec de grandes épingles en argent. Elle maintient le haïk sur ses épaules et la tête. Elle couvre son bras droit et se regarde dans la glace de l'entrée, prête à sortir. Elle ajuste son aâdjar, un bout de tissu brodé qui lui couvre la partie basse du visage. Seuls ses yeux sont visibles. - Mais où vas-tu comme ça ?, l'interroge Zina qui sortait de la salle de bains. - Je vais faire un tour chez le pâtissier ! J'espère trouver ce qui fera ton bonheur ! Je t'aurais bien proposé de venir, mais je crains que ton mari ne rentre à l'improviste ! Zina embrasse sa mère et la prend dans ses bras. - Merci yé... - As-tu besoin d'autre chose ? - Non... S'il te plaît, ne tarde pas ! - Je reviens vite ! Guemra prend un panier et les clefs. L'air de l'extérieur lui fait du bien. Elle bout intérieurement. Même si son gendre Zaher n'est pas riche, il peut assurer le minimum, remplir le couffin. Il n'y a ni semoule, ni pâtes, ni légumes secs dans les placards. A croire qu'ils vivent au jour le jour... a suivre A. K. Nom Adresse email