Après plus d'un demi-siècle d'indépendance, l'Algérie est largement en deçà du niveau de développement que ses enfants avaient légitimement espéré au sortir de la guerre de Libération. La sentence est implacable et le constat partagé. Il n'est donc pas utile de recourir à un débat d'experts pour s'en convaincre. D'autant que les militants indépendantistes de la première heure ont, à l'instar de Mohamed Mechati qui vient de tirer sa révérence, souvent répété que les objectifs de l'Indépendance restaient encore à atteindre. Il est, dès lors, superfétatoire d'avancer l'argument du niveau de vie des Algériens pour infirmer ce qui relève de l'évidence même. Au reste, le Congrès de la Soummam et la plateforme qui en avait découlé avaient non seulement tracé la voie à suivre pour mener l'Algérie à l'indépendance, mais aussi fixé les grands principes et les fondamentaux politiques qui devaient permettre à l'Algérien de recouvrer sa citoyenneté, une fois cette indépendance acquise. Il est de notoriété publique, et c'est chose unanimement reconnue, que ce Congrès avait donné à la Révolution une assise politique et une cohérence organisationnelle et opérationnelle qui, au final, auront été les clés de son succès. Mais l'esprit même de ces assises qui se voulaient structurantes et fondatrices définissait déjà la lutte armée comme un moyen et non une finalité. La finalité ? Elle se déclinait en trois mots : une Algérie démocratique et sociale. Pour l'heure, c'est raté. Et le ratage était devenu inéluctable dès cette fameuse crise de l'été 62. Pourtant, et on ne l'a peut-être pas assez dit, cette finalité-là, qui avait aussi valeur de serment, était assurément pour beaucoup dans l'élan de sympathie et de solidarité que la Révolution algérienne avait pu susciter à travers le monde. Une sympathie et une solidarité qui constituaient sans doute un précieux capital, mais un capital vite "gaspillé" car le serment a été "oublié" dès les premiers jours de l'Indépendance. Plus d'un demi-siècle après, le monde a bien changé. Et, désormais, le changement frappe à nos portes. Il est temps de libérer le serment. n Nom Adresse email