Il était membre de l'Organisation spéciale, puis membre du groupe des 22 qui ont jeté les bases de la Révolution et membre fondateur de la Fédération de France. Il a côtoyé de grands noms du nationalisme algérien. La famille révolutionnaire est à nouveau en deuil. Militant indépendantiste de la première heure, Mohamed Mechati vient de tirer sa révérence. C'est à l'hôpital de Genève, en Suisse, qu'il a rendu l'âme à l'âge de 93 ans. D'une grande humilité, le défunt était d'un abord facile et surtout de bon commerce. Son modeste appartement au quartier du Télemly est toujours ouvert aux journalistes qui seront à jamais marqués par sa modestie. Il aimait entretenir les jeunes de cette belle épopée révolutionnaire écrite par leurs aînés avec leur propre sang. Il a même rédigé un livre intitulé Parcours d'un militant comme pour faire partager son expérience et témoigner sur cette période charnière de la naissance de la nation algérienne. C'était certainement sa façon à lui d'inculquer à la jeunesse d'aujourd'hui les valeurs du patriotisme et surtout maintenir toujours vivace la flamme révolutionnaire qui animait sa génération à lui. Mohamed Mechati a eu un parcours exceptionnel qui témoigne de son engagement sans faille en faveur de l'indépendance du pays. Il était membre de l'Organisation spéciale, puis membre du groupe des 22 qui ont jeté les bases de la Révolution et membre fondateur de la Fédération de France. Il a côtoyé de grands noms du nationalisme algérien, comme Hocine Lahouel, et était compagnon d'autres figures emblématiques qui ont déclenché la guerre de Libération nationale comme Mohamed Boudiaf, Larbi Ben Mhidi, Mustapha Benboulaïd, Mourad Didouche ou encore Abdelhafid Boussouf. Incontestablement, Mohamed Mechati a été un témoin privilégié d'une séquence historique riche en événements qui a débouché sur une Révolution qui a forcé l'admiration du monde entier. "Le 1er Novembre n'est pas un fait du hasard. Ses origines se trouvent dans le mouvement national", disait-il dans un entretien paru dans Liberté le 1er novembre 2012. Né le 21 mars 1921 à Constantine au sein d'une famille modeste, le défunt a fait l'essentiel de ses armes au sein du parti nationaliste, le PPA-MTLD, qu'il a rejoint dès sa démobilisation en 1945. Militant endurci, il s'est retrouvé tout naturellement au sein de l'Organisation spéciale (OS), à sa création en 1947. Après la dissolution de celle-ci par le parti, il s'est retrouvé à l'ouest du pays comme chef de zone. En août 1954, il a pris part à la fameuse réunion des 22 qui a donné naissance au Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua) et préparé le déclenchement de la Révolution. Malade, il part en France pour se soigner. Toujours sur la brèche, il rejoindra la Fédération de France, véritable poumon de la Révolution algérienne, avant d'être arrêté par la police française en 1956. Ce n'est qu'en 1961 qu'il fut libéré. Après l'indépendance du pays, Mohamed Mechati s'est reconverti dans la diplomatie en occupant plusieurs postes d'ambassadeurs dont celui d'Algérie en Allemagne. Habité par l'action militante, Mohamed Mechati a continué son combat en assurant, ces dernières années, une présence soutenue dans le débat public. Entretiens par-ci, contributions par-là, le militant révolutionnaire ne rechigne jamais à livrer son témoignage sur le passé ou à donner son avis sur des questions lancinantes qui agitent la vie de la nation. Dernière sortie en date, Mohamed Mechati a exhorté, au lendemain de l'hospitalisation de Bouteflika à Paris fin avril 2013, les militaires à prendre leur responsabilité. Ce qui lui a valu une réponse sèche de l'Armée. L'ancien révolutionnaire est ainsi fait : il n'hésite pas à dire ce qu'il pense ou à pointer du doigt les ratés d'une indépendance chèrement acquise. "Nous avions fait des sacrifices énormes et vécu des souffrances inouïes durant les sept ans de guerre pour en arriver à la situation que nous vivons actuellement. Plus catastrophique que cela, il n'y en a pas", constatait-il, désabusé, dans un entretien accordé à Liberté. A. C Nom Adresse email