La composition du gouvernement sous le quatrième mandat du président Bouteflika a tenu la promesse d'un timide changement. Si les ministères régaliens demeurent sous le contrôle de la nomenklatura, certains départements ont complètement changé de mains, donc de vision. C'est le cas, notamment, de l'Education, des Affaires religieuses, de la Culture et de la Communication. Plus jeunes et ayant des formations et des parcours professionnels en rapport avec les secteurs dont ils ont la charge : Nouria Benghebrit, Mohamed Aïssa, Nadia Labidi et Hamid Grine sont assurément les nouvelles têtes de ce gouvernement. Avec des profils qui sortent du lot, chacun de ces quatre ministres a déjà annoncé du changement et promis de l'efficacité. Autre point en commun, ils ont tous choisi les voies du dialogue et de la concertation pour élaborer les réformes. Néanmoins, les questions de leur longévité et de leur autonomie demeurent posées. "Consacrer le professionnalisme et le sens de l'éthique dans l'Education nationale", c'est la mission à laquelle Mme Benghebrit dit se consacrer. Une tâche difficile lorsqu'on sait l'état de délabrement du secteur dont elle hérite. Un département longtemps marqué par l'immobilisme puisqu'il a été dirigé près de vingt ans par le même ministre, Aboubakr Benbouzid. Depuis sa nomination, Mme Benghebrit a dû assumer un taux de réussite au bac des plus bas et une sortie de crise sociale houleuse après des mouvements de grève à répétition. Elle a ensuite ordonné une évaluation de la réforme en cours, sous forme de journée d'étude et d'ateliers réunissant l'ensemble des acteurs du secteur et des autres départements associés. La ministre, qui prône la transparence et la modernisation de la gestion pédagogique, se prête elle-même régulièrement à l'exercice de la communication en multipliant les apparitions médiatiques. Egalement très médiatisé en ce début de quatrième mandat, Mohamed Aïssa, ministre des Affaires religieuses. Décrié par une partie de la presse nationale, plébiscité par l'autre, Mohamed Aïssa a interpellé par sa tolérance, mais surtout par son franc-parler. "Défendre la liberté de culte et le pluralisme religieux, remettre la mosquée au service de la société et créer un cadre légal de l'exercice du culte", tels sont les axes prioritaires qu'il a tracés. Une ambitieuse entreprise pour un secteur hautement sensible. Mais ce Dr en théologie a l'avantage de bien connaître le département puisqu'il y occupait un poste de cadre. Toujours dans la concertation, il prépare déjà "une loi d'orientation" qu'il compte soumettre au vote du Parlement. Le dialogue avec la corporation est également le choix de Mme Nadia Labidi pour élaborer la politique culturelle à venir. Pour être elle-même réalisatrice et productrice de cinéma, la nouvelle ministre de la Culture doit avoir à l'esprit les problèmes du secteur, raison pour laquelle le monde artistique et culturel nourrit beaucoup d'espoir en sa nomination. Pour répondre à leurs besoins, elle multiplie les rencontres avec les différents professionnels et a annoncé la tenue, en septembre prochain, de "conférences nationales sur la culture". Egalement très attendue par ses confrères, la feuille de route de Hamid Grine promet de réguler un métier longtemps ignoré par les pouvoirs publics. Le journaliste, écrivain et désormais ministre de la Communication a promis de mener à bien les grands chantiers de la profession : carte de presse, conseil de l'audiovisuel et professionnalisme. Cette nouvelle génération de ministres est animée d'une volonté de faire évoluer les secteurs dont ils ont la charge. Mais encore une fois, auront-ils le temps et les possibilités de mener à terme leurs projets respectifs ? A. H. Nom Adresse email