Résumé : Le jour du départ approchait, et Achour avait tenu à vérifier lui-même l'état de la ferme, tout en exigeant de ses employés un meilleur rendement. C'était un homme qui ne faisait confiance qu'à lui-même, et qui ne dépensait qu'au strict minimum. Nora appréhendait déjà ce qui l'attendait en Europe avec ce grippe- sou... Enfin le jour du départ se pointe. Un taxi vint les récupérer. Achour prend la main de Nora et l'entraîne vers le véhicule. Cette fois-ci, il lui laisse le siège arrière et s'affale à côté du taxieur sur le siège du passager. La jeune femme en profitera pour dormir. Cela faisait des jours que le sommeil la fuyait. Son mari ne lui laissait aucun répit. Il l'obligeait à le suivre partout et s'offusquait de la réaction des gens qu'ils rencontraient. Tel un trophée qu'il brandissait à tout bout de champ, Achour jugeait de l'effet que faisait Nora sur les autres. Parfois, elle suscitait la pitié ou de l'admiration, et d'autres fois du mépris. On avait appris dans toute la contrée que Achour venait de prendre une femme de l'âge de sa plus jeune fille, et beaucoup de gens étaient venus pour le féliciter. En somme, c'était le subterfuge tout trouvé pour rencontrer la nouvelle mariée dont on vantait la beauté. Nora soupire. Son destin prenait des tournures inattendues. Il y a une année, si on lui avait dit qu'elle allait divorcer et se remarier avec un homme tel que Achour, elle en aurait ri. Hélas ! L'amère réalité était là. Elle avait divorcé de Yazid pour épouser cette brute, qui voulait faire d'elle un bien personnel. Ils arrivèrent à l'aéroport à une heure de grande affluence. Achour s'occupe des bagages et demande à Nora de ne pas quitter son siège avant qu'il ne revienne. Il avait pris les passeports et s'était dirigé vers un guichet. La jeune femme regarde autour d'elle. La foule compacte et cosmopolite qui l'entourait semblait la narguer. Que faisait-elle donc là... ? Allait-elle se retrouver sur l'autre continent et commencer une nouvelle vie avec un homme qu'on prenait pour son père ou même son grand père... ? Des idées machiavéliques commencèrent à s'emparer de son esprit. Pourquoi ne s'enfuirait-elle pas une fois arrivée à destination... ? Achour revint vers elle et mit fin à ses méditations : -Tout est réglé ma chérie... Nous allons bientôt embarquer. Elle ne répondit pas et il s'assoit à ses côtés tout en jetant des regards à droite et à gauche : -Personne ne t'a embêtée... ? -Je ne suis pas la seule femme dans cet aéroport Achour, s'enhardit-elle à répondre d'une voix où résonnait la colère. Il lui saisit le bras et le serre très fort. Elle ressentit une douleur jusqu'aux tréfonds de son être et ferme les yeux. -Lorsque je te parle, je n'aimerais pas que tu me contredises ou que tu élèves la voix... Je ne suis pas le genre d'homme qui supporte les niaiseries et les caprices d'une femme. Nora tente de dégager son bras. En vain. -Tu me fais mal Achour. -Tant mieux... Cela t'apprendra à me contrarier. On annonce l'embarquement et il dut la lâcher pour se lever, sans pour autant la quitter des yeux : -Suis-moi et garde tes commentaires pour plus tard. Plus morte que vive, Nora se lève à son tour. Elle suit le vieil homme qui se dirige vers le hall d'embarquement, où plusieurs passagers se trouvaient déjà. Un jeune couple attira son attention. L'homme était grand et brun, et la fille petite et blonde. Ils avaient l'air très épris l'un de l'autre. La jeune femme se dit que probablement c'étaient de jeunes mariés. Ils se tenaient par la main et se souriaient. Nora se revoit elle aussi jeune mariée lors de son voyage de noces avec Yazid. Encore une fois, elle repensait à lui. Jamais, au plus grand jamais, il ne quittera ses pensées. -Alors tu somnoles ou quoi... Nous allons embarquer. Elle rouvrit les yeux. Achour la tirait par le bras et elle dut faire un effort sur elle-même pour ne pas crier. -Je ne somnole pas... J'ai juste fermé les yeux. Ne sois pas aussi agressif Achour. Il ricane : -Notre lune de miel est terminée ma chère. Désormais, tu seras à la merci de mes humeurs. J'ai tenté de contrôler mes nerfs avec toi, mais aussi têtue que tu es, cela ne servira à rien. Je dois te rééduquer à ma manière. -Me rééduquer... ? (À suivre) Y. H. Nom Adresse email