Résumé : Malgré ses appréhensions, Nora passe une bonne nuit. Au petit matin, Achour vint lui proposer de déjeuner au rez-de-chaussée. Nora est subjuguée par la nature qui s'étalait devant ses yeux. Elle veut faire une promenade et monte dans sa chambre pour chercher une écharpe. Achour la suit. Le sursis venait de prendre fin. Quelques jours passent. Achour avait pris froid et n'avait plus reparlé de promenade. Nora avait déjà fait le tour de la propriété et en connaissait maintenant chaque coin. Elle avait sympathisé avec la femme du jardinier, qui semblait la prendre en pitié. Une si jeune femme, avec un vieillard comme Achour, ne pouvait passer inaperçue. Nora avait esquivé habilement les questions indiscrètes. Elle se sentait malheureuse de susciter ainsi la pitié d'autrui alors qu'elle avait fait des envieuses lors de son premier mariage. A maintes reprises, ses pensés avaient bifurqué vers Yazid... Que devient-il ? Savait-il pour son mariage... ? Comment avait-il réagi... ? Elle n'avait trouvé aucune réponse à ses questions, et chaque soir, alors que Achour ronflait à ses côtés, elle repensait au bonheur qu'ils avaient partagé, et qui aurait pu durer si ce n'était les malheureuses circonstances du destin. Achour était rustre, et parfois se mettait à vociférer sans se contrôler. Elle avait dû plus d'une fois déjà essuyer ses colères et ses crises de jalousie, en particulier lorsqu'on faisait devant lui référence à sa jeunesse et sa beauté. Le vieil homme n'admettait pas qu'on regarde sa femme. Et encore moins qu'on lui adresse la parole ou des compliments. Elle était sa "propriété" et il ne permettait à personne d'en dépasser les limites. Nora avait tenté de le raisonner. C'était lui son mari, et personne d'autre. Pourquoi se mettait-il dans de tels états ? Pas plus tard que la veille, il avait fait un pic de tension. Il souffrait de tension artérielle et du diabète, et le médecin lui avait recommandé d'être prudent. Nora avait saisi cette occasion pour calmer ses excès de colère. Il avait apprécié ses petites attentions, et lui avait promis de la mettre à l'abri des regards indiscrets et de la jalousie de son entourage. Il savait que les villageois n'allaient pas se taire sur cet énième mariage, et que certains en avaient déjà tiré la conclusion la plus logique qu'on pouvait trouver dans son cas. La jeune femme en voulait à ses biens. Sinon, pourquoi s'encombrerait-elle d'un homme qui la dépassait de plusieurs décennies ? Mais Achour ne les avaient écouté que d'une seule oreille. Même si la jeune femme pouvait briguer sa fortune, elle lui permettait aussi de vivre des moments de bonheur. Elle était si belle, si jeune, et lorsqu'elle lui accordait certaines «faveurs», il se sentait l'homme le plus heureux au monde. Que demander de plus à son âge ? Heu... Si...Si... Il espérait aussi avoir un enfant d'elle... Cela fausserait les calculs de ses enfants et de ses petits-enfants, qui espéraient le voir crever aussi vite que possible pour accaparer sa fortune et ses biens. Mais il avait déjà pensé à tout. Si Nora lui donnait un enfant, il ne donnera rien aux autres. Ses propres enfants l'avaient ignoré des années durant, et le blâment aujourd'hui pour son mariage avec une femme aussi jeune et aussi fraîche que Nora... Alors, il va leur montrer qu'il n'était pas dupe. Même s'il disparaissait, il allait lui léguer sa fortune à elle et à son fils... Ah ! S'il pouvait avoir un fils ! Son bonheur serait total, et il terminerait ses jours en beauté. Un mois passe. Achour demande à Nora de se préparer à rentrer avec lui en Europe. Cette fois-ci, il n'ira pas à Paris, où résidaient ses enfants et la famille, mais ils s'installeront dans une petite ville du Nord où il avait loué un appartement. Nora avait l'impression de couper définitivement avec sa famille, son pays et ... Yazid. Jusque-là, et malgré son mariage hâtif avec Achour, elle n'avait pas trop ressenti l'éloignement. Mais sous d'autres cieux, elle savait que ce ne sera pas du tout la même chose. La mort dans l'âme, elle prépare ses affaires et s'apprête à quitter la maison de campagne. Elle avait passé la majeure partie de son temps à se promener à travers champs et vergers. Achour ne la quittait que pour aller jeter un coup d'œil à ses écuries ou donner des instructions au jardinier ou à son personnel. Il lui avait révélé que les terrains dont il disposait appartenaient à ses parents. Il avait reconstruit les écuries et les avait équipées d'un matériel ultra moderne. Ses vaches donnaient du bon lait et ses veaux une bonne viande. Comme il vivait ailleurs, il s'est vu dans l'obligation de recruter une main-d'œuvre bon marché, afin d'assurer le rendement de la ferme et les ventes de ses produits. Ils étaient une dizaine de jeunes hommes à s'occuper de tous les travaux de champ et des bêtes. Achour possédait aussi un beau troupeau de mouton, un grand poulailler, des lapins, des dindes, des oies etc. Nora avait apprécié la vie de la campagne. Malgré l'aversion qu'elle ressentait envers son mari, elle a dû reconnaître qu'il avait su gérer les biens de la famille et investir ses économies. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email