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Mohamed Mebarki, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, hier, au forum de "Liberté" "Notre système d'orientation ne produit pas de l'insatisfaction"
Il reconnaît toutefois que dès l'instant qu'on parle de critères d'inscription, il peut y avoir effectivement des injustices. à J-3 de la fin de l'opération d'inscription des nouveaux bacheliers pour la rentrée universitaire 2014/2015, Mohamed Mebarki, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique était, hier, l'invité du forum de Liberté, qui en était à sa dernière édition de la saison estivale. Le représentant du gouvernement a commencé par égrener un grand nombre de chiffres à donner le tournis. Ainsi, on apprendra que pour la prochaine rentrée universitaire, il y aura environ 1,2 million d'étudiants en graduation soit un accroissement de 7% par rapport à l'année dernière. Il y aura également 71 000 étudiants en postgraduation (mastère et doctorats) et enfin 55 000 étudiants pour l'université de la formation continue. Le chiffre global devrait se situer, selon le ministre, autour de 1,330 million d'étudiants toutes filières et spécialités confondues. Sur le plan des infrastructures pédagogiques et physiques, quelque 70 000 nouvelles places ont été réalisées pour cette rentrée. La capacité totale en places pédagogiques est de 1,270 million. Avec ce qu'appelle le ministre de "coefficient de foisonnement", le nombre d'étudiants que peut encadrer aujourd'hui l'université algérienne, peut aller jusqu'à 1,5 million d'étudiants. Les capacités d'hébergement ont été, en outre, augmentées de quelque 60 000 lits portant la capacité totale à 660 000 lits soit la moitié des étudiants inscrits peuvent être hébergés. A cela il faut ajouter les restaurants universitaires, les infrastructures sportives et culturelles. "Avec l'ouverture à la rentrée universitaire du centre universitaire d'Illizi, toutes les wilayas du pays ont désormais leurs institutions d'enseignement supérieur", révèle-t-il. S'agissant de l'encadrement, "un élément important" s'il en est, le ministre avance le chiffre de 51 000 enseignants en activité dont seulement 15 500 sont docteurs, professeurs, ou maîtres de conférences. Si 30 % de l'effectif total sont des docteurs, seulement 20 % sont autorisés à encadrer des thèses de recherche. "En nombre d'enseignants, nous avons globalement ce qu'il faut. Le taux d'un enseignant pour 22 étudiants est acceptable pour ne pas dire meilleur que celui de certains pays développés." Cette faiblesse d'enseignants de rang magistral, aptes à diriger des travaux de recherches a fini toutefois, d'après l'invité de Liberté, à déséquilibrer la structure de l'enseignement. Il annoncera ainsi le recrutement de 4 000 nouveaux enseignants afin de maintenir le taux d'encadrement. Quant à la prise en charge au niveau des œuvres universitaires, celle-ci ne cesse de connaître, selon le ministre, des "améliorations". "La vie dans les cités universitaires est en train de s'améliorer et participe également à l'amélioration de la qualité de l'enseignement que nous dispensons", affirme-t-il. Le ministre annonce également pour la nouvelle rentrée la création de trois nouvelles facultés de médecine dans le sud, à Ouargla, Laghouat et Béchar. Les filières les plus prisées Passant à la question de l'orientation des nouveaux bacheliers, le ministre s'est montré à ce sujet très satisfait. "Je vous assure qu'on a eu la main heureuse cette année. On a amélioré nos résultats en termes de satisfaction des vœux exprimés. Les établissements ont fait, à cet égard, des efforts exceptionnels." Pour le ministre, quand un étudiant obtient l'un de ses trois choix, il faut considérer cela comme très satisfaisant. "Notre système d'orientation ne produit pas de l'insatisfaction." Pour lui, il ne faut surtout pas s'étonner qu'il puisse y avoir des insatisfaits. Et pour cause ! Plus de la moitié des bacheliers ont obtenu, cette année, une mention passable soit une moyenne de moins de douze. Il estime le nombre des "insatisfaits" à 7 000 sur un chiffre global de 125 000 étudiants, ce qui est, d'après lui, "dérisoire". Il reconnaît toutefois que dès l'instant qu'on parle de critères d'inscription, il peut y avoir effectivement des injustices. Et si, en effet, l'arbitraire n'est jamais loin, le ministre qui a longtemps exercé comme recteur d'université se veut plutôt très rassurant. "Pour l'avoir pratiqué et vu évoluer dans le sens de l'affinement, je peux vous dire que notre système d'orientation est le plus juste. Mais quelles sont les filières les plus prisées par les étudiants algériens ? : les spécialités biomédicales subissent une forte demande. Pour suivre des études de médecine, il fallait disposer cette année d'une moyenne de 15,09 sur 20 aux épreuves du bac." Le ministre suppose même à ce sujet que sur les 102 000 bacheliers en sciences au moins 100 000 auraient très certainement voulu faire médecine. Il y a ensuite l'architecture qui, selon lui, a le vent en poupe et qui a amené le ministère à développer de facto cette spécialité. Il y a également les filières dédiées à faire de l'excellence notamment les grandes écoles introduites par la réforme LMD. "Pour les filières dites protégées et à inscription nationale, celles-ci n'obéissent pas à des considérations géographiques. Il s'agit d'une cinquantaine d'établissements où la pression est effectivement très forte. Que ce soit pour la médecine ou pour les cycles préparatoires aux grandes écoles, les notes minimales sont effectivement assez élevées." En informatique, pour s'inscrire à Oued Smar, à l'ex-INI, l'étudiant doit disposer d'une moyenne de plus de 16 au bac. Pour les filières dites à caractère national comme pour les hydrocarbures à Boumerdès, l'étudiant doit avoir obtenu 17 pour pouvoir s'inscrire. Il y a eu de bonnes notes cette année ! révèle le ministre pour qui, l'excellence est à ce prix et les règles sont claires et opposables à tous. "Il y a un traitement informatique qui est opéré. Il prend en compte essentiellement les conditions d'admissibilité avant d'aller aux vœux. Nous essayons toutefois d'être le plus juste possible en répondant au maximum aux vœux de nos étudiants." Pour le ministre, nul besoin d'être un grand pédagogue pour comprendre que plus on répond aux vœux de l'étudiant et plus on lui donne des chances de mieux travailler à l'université. "Il est admis qu'avec une inscription imposée unilatéralement par la machine ou par l'administration l'étudiant va traîner à l'université et entraînér sa déperdition", reconnaît-il, sans ambages. Pour ce qui est du mode opératoire, les quotas de places pédagogiques par filières et par spécialités sont décidés par les établissements. "Comme chacun peut le comprendre, cette orientation est rendue obligatoire. Aucun pays au monde ne peut se baser uniquement sur les vœux des étudiants. La question est comment améliorer l'enseignement que l'université dispense ?", souligne-t-il. Un intervenant fera alors remarquer au ministre que les notes du bac sont un critère nécessaire mais pas suffisant. Pour lui répondre, le ministre évoquera son cas personnel au début des années 70. "Je pouvais choisir la filière que je voulais car à l'époque les étudiants n'étaient pas aussi nombreux." M. Mebarki qui a longtemps exercé, en outre, comme recteur d'université, sait de quoi il parle : "J'ai pratiqué ce monde-là. Après le bac, les concours organisés pour accéder à telle ou telle filière n'ont jamais été fiables. On n'a pas trop le choix dans la méthode." Invité par ailleurs à donner une première évaluation des effets de la réforme LMD, le ministre a refusé de s'adonner à cet exercice en affirmant qu'il ne dispose pas d'assez de recul pour se prononcer. Néanmoins, il se dit personnellement satisfait : "Une évaluation sérieuse de la réforme du LMD ne peut pas être à l'ordre du jour en 2014. La généralisation remonte à peine à 5 ans alors que la réforme a été lancée il ya près de 10 ans." Pour lui, la transition a pourtant trop duré. "Jusqu'à aujourd'hui encore, les deux systèmes cohabitent et fonctionnent ensemble. Ce n'est en qu'en septembre prochain qu'il n'y aura plus de licence classique. Toutefois, il y aura encore des magistères, des diplômes du système classique qui ne disparaîtront qu'au fil du temps." Pour lui, l'évaluation ne peut qu'être permanente : "Il y a une structure nationale chargée de recenser les éventuels dysfonctionnements au fur et à mesure qu'ils apparaissent. Cette confrontation avec le terrain entraîne, à chaque fois, des correctifs." Il rappellera qu'au départ, le système LMD n'avait pas pour objectif une spécialisation de la formation universitaire dès le bac. "L'essentiel était de définir le socle commun à plusieurs filières, à plusieurs licences." D'après lui, le système LMD était motivé au départ par des "objectifs nobles" comme intégrer un système international en voie de généralisation dans le monde, créer des passerelles avec l'étranger, etc. "Il s'agissait d'améliorer l'enseignement à partir de moyens précis comme le tutorat. A ce titre, le système classique ne permettait pas la meilleure intégration des étudiants au monde du travail." Il reconnaît ainsi qu'au départ, il y a eu une mauvaise adaptation aux réalités algériennes et que toutes les conditions de réussite n'étaient pas réunies : "De mon point de vue, cela n'a pas été bien préparé. En 2014, nous avons encore une faiblesse dans la structure de l'encadrement." D'après lui, si l'on veut organiser le tutorat, apporter une assistance et un suivi régulier de l'étudiant, il faut beaucoup plus que 51 000 enseignants. "Ailleurs ce système fonctionne bien grâce à notamment l'environnement économique et aux laboratoires de recherche et développement. En France, il y a quasiment autant de filières et de spécialités que d'activités d'entreprises différentes. Chez nous, où sont ces entreprises ?", s'interroge-t-il. Passant aux questions – réponses, une journaliste a évoqué le cas de l'USTHB de Bab Ezzouar où il apparaît, affirme-t-elle, un surplus de 3 000 étudiants à contenir. Le ministre reconnaît qu'il y a, certes, des "filières saturées". "Nous avons cette année, 25 000 nouveaux bacheliers à Alger. Notre priorité est que chaque bachelier a le droit à une place. C'est une pression forte à gérer", concède-t-il. Le ministre reconnaît ainsi, qu'à certains endroits, il y a un surplus notamment à Alger la capitale où quelques pressions ont été signalées : "C'est vrai, la répartition des places n'est pas uniforme." Le ministre sera ensuite interpellé au sujet de la délocalisation de l'école supérieure de commerce de Tafourah, au centre d'Alger vers Koléa, dans la wilaya de Tipaza. Une question qui finira par le sortir de ses gonds notamment lorsqu'il apprendra de la bouche d'un journaliste qu'une grève des enseignants est prévue à la rentrée : "Koléa est à 34 km d'Alger dont 26 d'autoroute. Ce n'est pas un endroit reculé. Il y a là-bas 4 grandes écoles que je vous invite à aller visiter, de grandes écoles vraiment dignes de ce nom. Il y a là-bas 11 000 places vides à combler, des espaces -bureaux pour tous les enseignants, des bibliothèques, des centres de loisirs, d'activités culturelles, sportives. Toutes les conditions de vie et sécurité sont parfaitement réunies. Il y a deux cités universitaires capables de prendre en charge tous les étudiants mêmes ceux qui n'ont pas le droit à une résidence universitaire. Ils auront une dérogation pour être logés là-bas." Concernant l'attitude des parents des étudiants qui, eux aussi, ne veulent pas de ce transfert, le ministre est catégorique : "à l'université, les parents n'existent pas ! Nous avons affaire à des étudiants majeurs et vaccinés. Notre objectif n'est pas de contrarier les petites habitudes des gens. Il s'agit notamment pour les enseignants de donner un peu d'ambition à l'université algérienne. Je ne veux pas entrer en conflit avec ces gens-là mais je considère qu'un universitaire ou un intellectuel a plus de responsabilité dans cette société." Concernant les classements des universités algériennes très mal loties à l'échelle internationale, le ministre de l'enseignement supérieur a tenté de relativiser cet état de fait : "La première remarque ces classements sont faits par des organismes qui privilégient trop souvent des critères dirigés qui ne prennent pas suffisamment en compte le niveau de développement de certains pays, somme toute, assez jeunes. Ces organismes s'accrochent essentiellement au rendement de l'efficacité de la production universitaire sur la finance et sur l'économie en général et jamais par exemple sur la démocratisation de l'enseignement." Quant à l'ouverture d'universités privées, le ministre s'est inscrit en faux contre les déclarations d'une organisation patronale qui reprochait la lenteur dans la délivrance des agréments. "Depuis 2008, aucun opérateur intéressé ne s'est présenté", a-t-il argué avant d'être contredit sur-le-champ par un investisseur dans la salle qui affirme s'être conformé à toute la procédure. En vain. M.-C. L. Nom Adresse email