La faille à l'origine du séisme de vendredi dernier, qui a secoué les populations du Grand-Alger et de quelques wilayas limitrophes, localisée à 15 kilomètres loin des côtes, est considérée comme "secondaire" d'autant plus que sa magnitude est qualifiée par les experts de "modérée". Car, dans les fonds marins, il existe certaines failles principales qui génèrent des tremblements de terre violents de 7 ou de 7,5 sur l'échelle de Richter. L'Algérie a vécu dans le passé de tels séismes. L'on peut citer celui de 1365, de 1672, ou notamment celui de 1716 qui a emporté plus de 9 000 habitants sur les 12 000 que comptait Alger à cette époque et détruit la totalité des constructions. L'on peut mesurer facilement les dégâts, sur les plans humain et matériel, dans le cas où une telle secousse survenait au niveau des côtes d'Alger. "Les séismes sont des phénomènes récurrents et reviennent à la même période, au même endroit et avec la même intensité selon un temps géologique", prévient le Pr Abdelkrim Chelghoum, expert en génie parasismique et numérique. En dépit de son amplitude moyenne, le tremblement de terre de vendredi a provoqué, toutefois, une panique générale à cause de laquelle 4 citoyens ont péri en se jetant de leur balcon ou de leur fenêtre. M. Chelghoum déplore, à ce propos, l'absence de l'Etat et des organismes chargés d'assurer la gestion post-catastrophe et du déroulement du plan Orsec. Les pouvoirs publics semblent ne pas retenir la leçon des séismes qui ont ébranlé précédemment les wilayas d'El-Asnam (Chlef) Boumerdès, Béni Ouartilane, les inondations de Bab El-Oued, les explosions gazières... et autres calamités naturelles et industrielles enregistrées entre 2001 et 2014. "Les ministères de l'Intérieur et de l'Habitat, les centres Craag et CGS... qui consomment des budgets colossaux annuellement ont brillé par leur absence lors de ce triste événement", regrette le Pr Chelghoum. Il citera l'exemple du Craag qui "a mis plus d'une heure de temps avant de réagir pour donner en définitive de fausses magnitudes". Or, précise-t-il, les centres européens, américain et anglais ont livré leurs premières informations sur le séisme 10 minutes après la secousse tellurique. Il faut situer les responsabilités, estime l'expert qui attire l'attention des dirigeants du pays et les chargés de la sécurité nationale quant aux 10 risques majeurs identifiés par l'ONU, sur les 14 répertoriés dans le monde entier, auxquels est confrontée l'Algérie. Grande mosquée, stade de Baraki, centrale El-Hamma... la poudrière ! Il s'agit, il faut le signaler, des séismes et des risques géologiques (glissements de terrain), des inondations, des risques climatiques (sécheresse, désertification...), des feux de forêt, des risques industriels et énergétiques (explosion gazière de Skikda qui a ravi la vie à une centaine de morts et occasionné plus d'un milliard de dollars de dégâts...), des risques radiologiques et nucléaires, des risques portant sur la santé humaine (pandémies...), ceux touchant à la santé animale et végétale (fièvre aphteuse...), de la pollution atmosphérique, tellurique, marine, hydrique et enfin les catastrophes dues à des regroupements humains importants (aux stades, mosquées, centres commerciaux...). "Face à ces périls, l'on s'aperçoit que l'Algérie n'a pas développé d'instruments de prévention et d'intervention fiables pour gérer et dérouler correctement les plans à même de réduire les effets dévastateurs de ces précipices", relève ce spécialiste des questions sismologiques. Au contraire, remarque-t-il, "à chaque occurrence d'une catastrophe, ces responsables ont opté pour une politique passive et subissent les conséquences sans réagir". Ceci peut être décelé clairement dans toute la politique de l'aménagement du territoire et de l'urbanisation régionale où l'on peut constater, affirme Abdelkrim Chelghoum, que les principes directeurs de la gestion cohérente de ces risques majeurs, tels que la prudence, la concomitance, la précaution, sont totalement occultés par la stratégie gouvernementale en Algérie. Il en veut pour preuve le projet de la grande mosquée sise El-Harrach. "Comment peut-on implanter une grande mosquée conçue pour accueillir plus de 100 000 fidèles pendant les prières sur des terrains sédimentaires, non constructibles, aux bords d'oued El-Harrach, à quelques mètres de l'autoroute et à des encablures de l'aéroport international ?" s'interroge l'expert. Ce qui est plus grave dans ce cas particulier, observe-t-il, c'est qu'aucune étude d'impact sur l'environnement n'a été exécutée.Le même constat est établi au projet de stade de "50 000 places en construction à Baraki, sur un terrain marécageux et à proximité de l'autoroute", ajoute le Pr Chelghoum qui imagine d'ores et déjà les bouchons et les embouteillages sur l'autoroute, à l'heure où les supporters sortiront du stade à la fin d'un match... Il n'omet pas d'évoquer encore la centrale électrique d'El-Hamma qui fonctionne au gaz. "En cas d'explosion, cette unité peut engendrer des dommages qui équivalent ceux de 3 bombes atomiques", avise-t-il. Le Pr Chelghoum tient cependant à saluer l'acte de démantèlement de l'usine de fabrication d'allumettes de la SNTA située dans une zone urbaine, à Belouizdad (Alger), et sa délocalisation vers une autre wilaya. Car cette unité représentait un danger permanent pour les citoyens. B K Nom Adresse email