Le public, qui a assisté à la deuxième soirée, a découvert des artistes qui s'inspirent des musiques traditionnelles pour élaborer un son qui leur est propre, riche en couleurs. La formation Ezza Groove Touareg, menée par le talentueux guitariste nigérien Omar Zidia, a animé avec brio, la première partie de la deuxième soirée de la 7e édition du Festival international de la musique diwane d'Alger, qui se tient au théâtre de verdure Saïd-Mekbel (Riadh El-Feth) jusqu'au 14 août prochain. Le groupe, influencé par le blues, le rock et les chansons traditionnelles touareg, a dispensé une belle prestation, et a surtout bien interagi avec le public présent, moins nombreux, certes, que lors de la première soirée, mais totalement captivé par le son du groupe, créé à Toulouse (France), et composé notamment du batteur Stéphane Gratteau et du bassiste Menad Moussaoui. Et c'est Global Gnawa qui s'est chargée d'animer la deuxième partie de la soirée. Fondé, en 2008 à Paris, par le maâlem Jaouad El-Garouge, le guitariste Thierry Fournel et le saxophoniste Mehdi Chaïb, le groupe Global Gnawa a donné des inflexions jazzy à la musique gnaoua, en reprenant de célèbres morceaux de ce répertoire avec une démarche musicienne et une expérimentation sans cesse renouvelée. La musique gnaoua est ainsi reformulée à l'infini, avec des intonations de reggae, de jazz, d'afrobeat et d'autres musiques, mais aussi avec une orchestration qui intègre aussi bien les instruments traditionnels que modernes. Global Gnawa a fait découvrir au public algérois trois guests, musiciens de qualité, qui ont donc accompagné la formation le temps d'un concert, notamment le très bon percussionniste et balafoniste burkinabé Bakary Diarra, le leader de la formation Bania Diwane (qui prépare un album à paraître dans quelques mois), Abdelhafid Bidari, et Abdelghani Manjal, Koyo originaire de Casablanca, qui joue régulièrement avec Global Gnawa et qui a proposé un rap-gnawa des plus originaux lors de ce spectacle. Jaouad El-Garouge, le maâlem du groupe, nous a expliqué qu'à travers ce projet Global Gnawa, "j'essaie de faire découvrir mon gnaoua à moi, qui est ce métissage. C'est une manière de dire aussi aux gens que le gnaoua peut être moderne sans perdre sa philosophie. Ma démarche, je l'assume totalement, car pour moi, le gnaoua doit s'ouvrir, et ça ne peut lui faire que du bien, comme toutes les autres musiques, sans toucher bien sûr aux fondations (zaouïa, la spiritualité, le rituel)." Concernant la formation du groupe, l'artiste qui est à la fois "gnaoui" et "musicien", a souligné que "c'est un trio avec lequel on a essayé d'explorer le gnaoua traditionnel tout en l'enrichissant par des notes un peu jazzy, un peu rock, mais sans jamais perdre la spiritualité du gnaoua, sachant que moi, je suis issu de cette musique que je connais depuis mon enfance. Les autres membres avec qui j'ai formé le groupe ont découvert cette musique en France et ça les a vraiment touchés. Ce sont de grands fans de cette musique." Revenant sur le répertoire joué et sur la manière de procéder, Jaouad El-Garouge note qu'"il y a plusieurs façons de faire." "Au tout début, c'était le chemin le plus court, on prenait des morceaux gnaoui, qu'on connaît tous et qu'on enrichissait par les instruments. L'idée c'est de toucher l'oreille occidentale, parce que c'est très difficile. Si vraiment on n'est pas touché par cette musique et qu'on ne fait pas une recherche personnelle pour comprendre les codes, on peut croire que c'est toujours le même morceau, mais quand on met un solo de guitare, un solo de saxophone, des arrangements, là ça prend vraiment un autre sens et ça devient universel. Maintenant on a composé nos propres compositions, on a écrit nos propres paroles, et on continue encore", a-t-il résumé. S K Nom Adresse email