Le nouveau Premier ministre irakien, Haïdar al-Abadi, ne devrait plus tarder à entamer les consultations pour la formation de son gouvernement d'union nationale, selon le vœu des Américains. Cette mission dévolue au chef de l'exécutif chiite a lieu dans un contexte favorisé par le soutien occidental et international au nouveau chef de l'exécutif, il est vrai, mais aussi par la décision de retrait de la course de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki. Le Premier ministre irakien sortant Nouri al-Maliki a finalement renoncé à briguer un 3e mandat, sous la pression de ses anciens alliés américain et iranien qui l'ont lâché et de la plus haute autorité religieuse chiite du pays. Il a expliqué qu'il cherchait ainsi "à faciliter le processus politique", non sans avoir défendu son bilan durant huit ans au pouvoir, pourtant extrêmement critiqué. Sa décision d'abandonner le pouvoir a été qualifiée de "grand pas en avant" par les Etats-Unis et de "pas historique" par le représentant spécial de l'ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov. A l'évidence, cela devrait, non seulement ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement, dont il est attendu de rassembler les Irakiens de toutes confessions et obédiences autour du nécessaire combat contre les terroristes de l'EI, mais aussi mettre fin au blocage politique dans le pays qu'il avait entraîné dans son sillage. Sur le plan humanitaire, la situation des dizaines de milliers de déplacés, principalement de la minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis, chassés de leurs régions par les djihadistes, reste très critique, étant installés dans des conditions très dures dans des camps à la frontière syrienne ou dans le Kurdistan. Pour venir en aide aux forces kurdes et aux déplacés assiégés, la mobilisation de la communauté internationale, autour du drame des minorités yazidis et chrétiennes, qui s'est résolue à apporter l'aide précieuse dont avait besoin les Kurdes et partant, l'irak, dans le but d'endiguer l'avancée terroriste, se poursuit. Avec une acuité plus accrue, les états membres de l'Union européenne vont certainement emboiter le pas aux Etats-Unis. Leurs chefs de la diplomatie, réunis hier à Bruxelles, n'avaient plus besoin que d'accorder leurs violons pour commencer les livraisons d'armes aux combattants kurdes du nord du pays. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit, pour sa part, voter des mesures visant à couper les vivres en hommes et en argent aux terroristes en Irak et en Syrie voisine où l'EI occupe également plusieurs régions de ce pays en proie à la guerre civile. Les Etats-Unis, dans leur premier engagement militaire en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin 2011, ont lancé depuis le 8 août des frappes aériennes quotidiennes contre les positions de l'EI. Ils ont aussi envoyé des armes aux combattants kurdes. Les Occidentaux avaient largué ces derniers jours repas et eau aux déplacés sur les monts Sinjar. Entretemps, des dizaines de milliers d'entre eux sont installés désormais dans des camps au Kurdistan ou à la frontière syrienne. A la faveur des raids, le président Barack Obama a annoncé jeudi qu'il ne restait qu'entre 4 000 et 5 000 déplacés yazidis sur les monts Sinjar. Des agences de l'ONU avaient fait état de dizaines de milliers de personnes bloquées sur ces montagnes en début de semaine. A. R. / Agences Nom Adresse email