Des supporters violents, il en existe partout dans le monde. Qui ne connaît pas les hooligans britanniques, les ultras européens ou encore les latino-américains Barra Brava ? La violence dans les stades n'est pas un phénomène strictement algérien. Les expériences, à l'international, montrent qu'il est néanmoins possible de les maîtriser. Dans chacun des pays où sévissent ces supporters extrémistes, des groupes de personnes ont été identifiés et interdits de stade. Leurs leaders comme leurs faits d'armes ont également été lourdement sanctionnés afin d'éviter qu'ils ne se répètent. L'événement le plus marquant du football, s'agissant de la violence des supporters, est sans conteste l'affaire du Heysel. Le stade belge accueille le 29 mai 1985 la finale de la Coupe d'Europe qui oppose le club anglais Liverpool au club italien Juventus. Sous la pression et le poids de supporters déchaînés, des grilles de séparation et un muret s'effondrent faisant 39 morts et plus de 600 blessés. S'ensuivent des sanctions exemplaires : interdiction de participation en Coupe d'Europe pendant 3 ans pour tous les clubs anglais. La durée est étendue à 5 ans après de nouveaux incidents impliquant des supporters anglais lors de l'Euro-88 en Allemagne. Quant au club de Liverpool, il a été interdit de Coupe d'Europe pendant 10 ans. De son côté, la justice belge a lourdement condamné les autorités responsables pour avoir autorisé la tenue d'un match dans une enceinte vétuste. Dans la foulée, l'UEFA a mis en place une batterie de mesures strictes avec obligation de places assises. Bien loin de l'Algérie, c'est dans les grandes nations du football que les groupes de supporters ultras se sont formés pour la première fois, et ce, dès les années 1930. D'abord au Brésil, en Argentine et en Italie avant de gagner l'ensemble des pays d'Europe, d'Amérique latine et, plus récemment, l'Afrique. La ferveur de certains supporters et l'instrumentalisation politico-nationaliste du football ont mené à bien des drames. L'assassinat du footballeur colombien qui avait marqué contre son camp illustre cette malheureuse combinaison. A contrario, lorsque la volonté politique est d'en finir avec la violence dans les stades, les résultats sont probants. C'est le cas en France où, depuis 2008, une dizaine de groupes de supporters de différents clubs (Paris, Nice, Lyon, Marseille et Montpellier) ont été dissous ou suspendus pour violences sur personnes et dégradation de biens. Cela, à la faveur des articles 60 et 65 de la loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI2), qui a renforcé l'arsenal juridique permettant de dissoudre les groupes de supporters. En Algérie, c'est sans doute l'absence de sanctions qui a conduit à ce qu'un drame comme celui survenu au stade du 5-Juillet ou à Tizi Ouzou ait pu se produire. Obnubilés par la gestion des supporters lors de leurs entrées et sorties des stades, les services de sécurité n'ont aucune maîtrise de la situation pendant le déroulement des matches. Pis encore, le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, avait évoqué, il y a deux ans, un possible retrait des services de police de la gestion des supporters aux abords des stades. Les clubs et organisateurs des rencontres ont également démontré leur incapacité à gérer la foule de supporters. Faute de mesures exemplaires, la violence règnera en maître dans les stades algériens pour encore longtemps. A. H. Nom Adresse email