Résumé : Nora est enfin sûre d'avoir trouvé un gîte qui la mettra à l'abri des dangers de la rue et du froid qui sévit à cette époque de l'année. Malgré le règlement assez rigoureux de la pension, elle s'y sentit tout à fait à l'aise. En attendant le déjeuner, elle s'allonge sur son lit, et repense à Achour... Etait-il déjà parti à sa recherche ? Si c'était le cas, tous les commissariats seraient déjà au courant de sa disparition. Mme Robert aura-t-elle une mauvaise surprise en allant vérifier les détails dont elle avait besoin pour la sécurité de ses locataires ? Trop fatiguée pour continuer à se poser des questions, Nora repense à l'annonce du journal et se demande si quelqu'un n'avait pas déjà pris les devants pour contacter la vieille handicapée. Aura-t-elle la chance de trouver rapidement un travail qui lui assurera une vie décente et respectable ? Désormais, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Sa famille refusait de la recevoir et de l'aider. Il était donc impensable de compter sur qui que ce soit. L'image de Yazid traverse son esprit. Elle ouvrit sa valise et retire l'album photo qui par miracle avait échappé aux mains destructrices de Achour. Elle l'ouvrit, et des souvenirs remontèrent à la surface. Yazid et elle avaient reçu leur rançon de bonheur dans ce monde... Mais cela n'avait pas duré longtemps. Elle soupire et referme l'album pour aller ouvrir la grande armoire qui lui faisait face et vider sa valise. Elle avait emporté pratiquement toutes ses affaires et ne regrettait pas d'avoir provoqué le destin pour s'enfuir des lieux de son malheur. Si son mari la retrouvait un jour, elle saura quoi faire. Elle pense déjà à demander les services d'un avocat dès qu'elle en aura les moyens. Achour n'avait pas encore entamé les procédures requises pour lui procurer une carte de séjour permanente. Etant citoyen français depuis de longues années, il n'aurait sûrement pas eu de difficultés à lui donner les possibilités d'accéder à certains avantages qui découleraient de son changement de situation. Mais elle n'était pas dupe. Achour avait justement fait traîner les choses pour la soumettre à ses caprices et la faire chanter. Elle remercia la providence d'avoir changé les desseins de cet homme sans scrupules, et sans cœur. On était déjà à la mi-journée, et il était grand temps de descendre pour le déjeuner. Elle donne un coup de peigne à ses cheveux et remet un peu d'ordre dans ses vêtements, puis se parfume avant de quitter sa chambre. La table était déjà dressée dans la salle à manger et une bonne s'occupait du service. Une agréable odeur de cuisine émanait de l'office. Le couple Robert était déjà à table ainsi qu'un vieux couple et un jeune homme. - Ah ! vous voici Dora... Approchez donc et prenez place à côté de moi, lui lance sa logeuse. Elle lui montre une chaise à sa droite, et Nora s'assoit. Aussitôt la bonne vint la servir. Mme Robert sourit : - Vous allez sûrement apprécier la cuisine de Bernadette. Elle est très douée et se spécialise dans les recettes méditerranéennes. Nora prend sa fourchette et se met à manger. Le vieux couple la regardait curieusement et elle se sentit gênée. Mme Robert porte une main à sa bouche : - Quelle étourderie. J'ai oublié de faire les présentations. Elle désigne le vieux couple : - Dora tu vas cohabiter avec le couple Marcel ...M. Henri et Mme Solange. Ce sont les plus anciens pensionnaires de la maison. Ils habitent Paris, mais passent la moitié de l'année dans le Nord... Nora ébauche un sourire de circonstance et le vieux couple en fit de même. - Par contre, continue Mme Robert, ce beau jeune homme qui partage notre repas aujourd'hui n'est autre que Fares. Un Marocain, qui de temps à autre nous fait le plaisir de passer quelques jours chez nous lors de ses passages dans la ville. Il étudie l'archéologie et ne cesse de se déplacer d'un continent à un autre pour ses recherches. Le jeune homme lève les yeux vers elle et lui sourit : - Vous êtes Marocaine ? - Non. Plutôt une voisine à vous... Je suis Algérienne. - Ah ! j'ai beaucoup d'amis algériens. J'espère que vous serez l'une d'entre eux. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email