Ayant entre 930 et 950 ressortissants activant au sein des organisations djihadistes en Irak et en Syrie, la France tente de freiner les départs de candidats au djihad à travers un projet de loi, qui permettrait de limiter leur liberté de mouvement. S'inquiétant du phénomène des départs vers la Syrie ou l'Irak et des conséquences qui pourraient résulter lors du retour en Europe, notamment les risques d'attentats, les autorités françaises pensent trouver une solution à travers cette loi. Celle-ci devrait recueillir un consensus droite-gauche dans un pays qui se sait très exposé et où existe un vide juridique. "La menace est telle, vu l'actualité de cet été en Syrie et en Irak, que chacun se sent responsable", estime le rapporteur socialiste Sébastien Pietrasanta, qui soutiendra le texte du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Même son de cloche chez le député d'opposition UMP (droite) Guillaume Larrivé, qui a déclaré : "Nous souhaitons pouvoir voter le texte. Cela doit être un sujet d'unité nationale." Pour empêcher ces départs de candidats au djihad, le projet de loi instaure une interdiction administrative de sortie du territoire, matérialisée par la confiscation de la carte d'identité et du passeport. Selon le projet de loi, cette interdiction, d'une durée de six mois renouvelable, sera décidée dès lors qu'il existe des raisons sérieuses de croire que la personne visée projette des déplacements à l'étranger ayant pour objet la participation à des activités terroristes ou sur un théâtre d'opérations de groupements terroristes. Elle pourra être contestée devant la justice administrative. Et ceux qui auront violé cette interdiction pourront être arrêtés aussitôt à leur retour. Reconnaissant le problème, l'écologiste François de Rugy s'interroge si on ne va pas créer une catégorie de "présumés terroristes". C'est loin d'être l'avis de la droite, qui propose d'aller plus loin en créant un délit d'interdiction de combattre à l'étranger sans autorisation et d'instaurer une interdiction de retour, deux amendements auxquels s'opposera le gouvernement. Le texte crée par ailleurs une nouvelle incrimination d'entreprise terroriste individuelle pour tenir compte du phénomène du loup solitaire. Autre disposition controversée, la possibilité d'un blocage par l'autorité administrative de sites glorifiant le terrorisme, à l'instar de ce qui est déjà prévu pour les sites pédopornographiques. Emboîtant le pas à la France, qui n'est pas la seule à être confrontée au problème du vide juridique concernant ces départs, le Royaume-Uni étudie actuellement des mesures pour faire face au phénomène. De son côté, l'Allemagne s'est dotée, vendredi, d'un arsenal législatif pour lutter contre l'Etat islamique (EI), en interdisant sur son territoire toute activité de soutien et de propagande en faveur de l'organisation. "Les nouvelles mesures permettent notamment d'interdire les recrutements de combattants pour le djihad ainsi que le financement de l'EI en se basant sur une loi sur les organisations qui sanctionne notamment les activités des groupements agissant contre l'ordre constitutionnel et contre le principe de l'entente entre les peuples", a précisé le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière. Il assure que ces mesures sont un pas important dans le combat contre le terrorisme international, un pas important pour la liberté et la sécurité. Merzak T./Agences Nom Adresse email