Nidaa Tounes, le parti qui caracole, depuis des mois, en tête de classement, selon les multiples sondages d'opinion ainsi que son président, Béji Caïd Essebsi, traversent, depuis deux mois, une crise interne qui, selon les observateurs, le conduirait à l'implosion. A deux mois de l'élection présidentielle, le patron du parti a lancé une bombe. Au cours d'un meeting, tenu la semaine dernière, il a annoncé avoir été averti par la direction de la garde présidentielle qu'il serait la cible d'un attentat, accusant, même, certaines personnes, sans les nommer, comme infiltrées dans son parti. Sur la base de cette déclaration, Béji Caid Essebsi a été convoqué par la justice qui veut en savoir plus sur ce plan macabre. Dans la foulée, deux des figures marquantes du parti viennent d'être limogés par le "gourou" Caïd Essebsi qui ne reconnaît aucune autorité autre que la sienne au niveau des instances de Nidaa Tounes. Noureddine Ben Ticha, jeune membre ambitieux de la direction de ce parti dont Essebsi était, jusqu'à il n'y a pas longtemps, l'idole et "l'unique sauveur" de la Tunisie, vient d'être exclu pour "trahison". Selon Nidaa Tounes, il aurait roulé pour un rival de son patron, à savoir Mustapha Kamel Nabli, ancien ministre de Ben Ali et candidat à la présidentielle. L'autre figure n'est autre que le journaliste Omar S'habou, "ami" de longue date de Béji Caïd Essebsi. La raison de son limogeage est la publication d'une lettre qu'il avait adressée à "Si El Béji" lui demandant avec insistance de retirer sa candidature à la magistrature suprême, estimant que son âge avancé (89 ans) et son état de santé ne lui permettraient pas de conduire, comme il se doit, les affaires du pays durant les cinq années à venir. Sans la publication de cette lettre dont le contenu a fait, en plus, l'objet, dimanche soir, d'une émission télévisée très suivie, S'habou serait encore parmi les siens au sein du parti. Mais ne supportant pas une telle "offense", Béji Caïd Essebsi a décidé de sévir. A deux mois de l'élection présidentielle, le parti Nidaa Tounes sur lequel une bonne frange des électeurs fonde ses espoirs comme "alternative" pouvant mieux faire que le parti islamiste commence à décevoir. Nombreux parmi ceux qui l'ont soutenu lors de sa création en 2012 ne cachent plus leurs critiques à propos de la manière "dictatoriale" avec laquelle le "patron" dirige le parti. A leurs yeux, ce dernier a fait même preuve de népotisme en bombardant, malgré l'opposition interne, son propre fils au sommet de la hiérarchie de cette formation politique dont Essebsi a fait une propriété personnelle. Et sans la crainte de voir le parti exploser avant terme, son fils serait encore tête de liste de la circonscription de Tunis 1 aux législatives. Aujourd'hui que la situation commence à se gâter et que nombreuses démissions ont été enregistrées tant au niveau central qu'à l'intérieur du pays, le patron du parti trouvera-t-il encore le soutien escompté lors de sa campagne électorale pour Carthage ? Rien n'est sûr quand on sait que des figures se réclamant d'idéologies proches de la sienne, ayant comme référence le "bourguibisme", sont devenues des concurrents sérieux, à la grande joie du parti islamiste qui compte sur un éparpillement des voix des électeurs démocrates. M. K. Nom Adresse email