Au moment où le chef du gouvernement se débat pour assurer la relance de l'économie, les acteurs politiques se lancent dans la course aux palais du Bardo (Parlement) et de Carthage (Présidence). Ainsi, sitôt proposées par l'instance supérieure indépendante des élections (ISIE), les dates des législatives et de la présidentielle ont fait l'objet de nombreux commentaires de la part de la classe politique. Pour le parti de Mohamed Néjib Chebbi, Al-Joumhouri, la réaction a été positive et les dates suggérées (26 octobre pour les législatives et 23 novembre et 28 décembre pour la présidentielle) seraient donc acceptées par ce parti sans réserves. Cela n'est pas le cas du parti islamiste qui conteste la date du deuxième tour qui ne lui semble pas "convenable" en ce sens qu'elle n'offre pas l'occasion aux candidats de formuler leurs réserves avant la date butoir du 31 décembre, date fixée par les dispositions transitoires de la Constitution pour la fin de l'opération des élections. Cependant, cette manière de réagir de la part du parti islamiste cacherait d'autres calculs inavoués à ce jour, mais qui ne font aucun secret pour les observateurs et pour la masse populaire qui souhaite que le pays soit déchargé du fardeau de la période transitoire dans les plus brefs délais. En attendant l'aval de l'Assemblée nationale constituante (ANC) attendu pour les prochains jours, le parti islamiste aura déjà gagné une manche en obtenant la prééminence des législatives sur la présidentielle, clouant au pilori son principal rival Nida Tounes. Celui-ci n'a pas eu gain de cause et se voit -tout comme les autres partis qui souhaitaient la tenue de la présidentielle avant les législatives- dans l'obligation de "chambarder" tous ses plans dans l'espoir de remporter la mise aux législatives. Etant quasi certain de voir son candidat charismatique Béji Caïd Essebsi remporter la présidentielle, Nida Tounes voulait en faire une arme qui l'aiderait, par la suite, à gagner les législatives en tirant profit de l'effet positif que pourrait avoir une telle manœuvre sur l'électeur. Le même calcul, mais dans le sens contraire, aurait été fait par le parti islamiste, qui ne dispose pas d'un candidat aussi imposant que Caïd Essebsi à la présidentielle. Aussi, a-t-il joué sur les législatives qui pourraient influencer l'électeur quand il s'agira de passer à la présidentielle, sachant qu'en général, le premier scrutin conditionne souvent le second. En tout état de cause, la partie sera jouée entre ces deux partis qui caracolent en tête des sondages avec, pour l'heure, un avantage relatif à Nida Tounes. Et bien qu'il ne dispose pas encore d'un candidat potentiel à la présidentielle, le parti islamiste ne veut nullement être totalement écarté, d'une façon ou d'une autre, de ce scrutin. Aussi, multiplie-t-il les appels à la consultation entre les acteurs politiques pour aboutir à la désignation consensuelle d'un candidat à la présidentielle. En optant pour ce jeu, le parti islamiste cherche-t-il à barrer la route de Carthage à Béji Caïd Essebsi, qui perdrait au passage l'appui des partis réunis dans le cadre de "l'Union pour la Tunisie" qu'il avait réussi à former avec les démocrates ? En décidant de faire cavalier seul pour les législatives, Nida Tounes ferait l'affaire du parti islamiste qui, grâce aux yeux doux que lui font certains partis, hier "ennemis", arriverait à plonger Caïd Essebsi et son parti dans un bourbier imprévisible et insoupçonnable. M. K. Nom Adresse email