Trente-trois Etats exactement contre Daesh, dont 9 voisins de l'Irak et de la Syrie (Arabie saoudite, Qatar, EAU, Bahreïn, Jordanie, Egypte, Koweït, Oman et Liban). La coalition montée par les Etats-Unis pèche, de l'avis d'experts impartiaux, par des contradictions au sein de ses membres. D'abord, ce ne sont pas tous les alliés de Barack Obama qui sont sur le terrain des opérations militaires. Personne ne voulait au départ s'engager dans la quatrième guerre états-unienne en Irak, à part la France de François Hollande. Les autres se sont fait tirer les oreilles par Washington et l'Otan, survivance de la guerre froide recyclée par les Américains en tant que supplétifs de leurs appétits unipolaires dans le monde, et avec certains succès. Barack Obama a dû faire avec les ambivalences de ses alliés et ralliés de dernière minute. Il a même reconnu que sa guerre sera longue tandis que des voix autorisées commencent à s'interroger sur les perspectives de victoires, à leurs yeux, restreintes. Ces 20 dernières années, aucune opération militaire n'a permis de dynamiter une organisation islamiste. Que ce soit contre les talibans, contre al-Qaïda, contre les shebab, contre Aqmi ou le Mujao et contre Boko Haram, les expériences ont démontré les difficultés qu'ont les armées conventionnelles à mener ce type de conflit face à des groupes comme des poissons dans l'eau au sein des populations locales. Aujourd'hui, c'est encore une guerre asymétrique avec des armées ultrasophistiquées à l'heure du tout numérique, contre des fantassins animés de leurs seules convictions idéologiques. Et sur le terrain des bombardements, on enregistre déjà les premiers accidents collatéraux. La montée en cadence inévitable de victimes civiles risque, comme en Afghanistan, Pakistan et Yémen, de renforcer le soutien des populations locales aux djihadistes. La guerre chirurgicale n'étant pas si clean que ne le présente son mode d'emploi, les patrons du Pentagone ont fait appel au créateur de l'emblématique jeu vidéo "Call of Duty" pour imaginer ce que pourraient être les guerres du XXIe siècle. Le centre de réflexion Atlantic Council, spécialisé dans les affaires et conflits internationaux, a, en effet, recruté Dave Anthony, dont la franchise de jeux à succès a rapporté des milliards de dollars de revenus. Eradiquer Daesh apparaît être un objectif d'autant plus difficile, "chimérique", postulent des experts militaires occidentaux, que les membres de la coalition refusent d'envoyer des troupes au sol, ne comptant que sur l'armée irakienne, celle-là même qui a fui devant les djihadistes, leur abandonnant armes et bagages, et les peshmergas kurdes, dont au fond ce n'est pas la guerre. Malgré les apparences, ce n'est pas l'euphorie dans la Maison-Blanche comme au temps de W. George Bush. Barack Obama, qui lui a succédé pour solder les guerres américaines à l'étranger, et qui s'est vu contraint d'en allumer une autre, la quatrième dans le Moyen-Orient, est certainement conscient qu'il a affaire à une coalition à géométrie variable et aux objectifs contradictoires pour la plupart des Etats qui la composent. L'autre contradiction : la position sur la Syrie. La coalition souhaite renforcer l'opposition syrienne. Washington et les autres capitales occidentales mettent dans le même sac Daesh et Jabhat al-Nosra, une franchise d'al-Qaïda, visée par les frappes américaines. Or, ce groupe également salafiste et rival de Daesh est soutenu par le Qatar et l'Arabie Saoudite, membres de la coalition. Barack Obama n'a pas pour autant abandonné la politique états-unienne de soutien à l'islamisme. Les récentes prises de parole de son secrétaire d'Etat, John Kerry, ont été dans le sens d'un soutien des groupes islamistes syriens éloignés de Daesh et d'al-Nosra, donc proches des idées et de l'idéologie des Frères musulmans. Sauf que parmi les membres de la coalition se trouvent des alliés de la confrérie, le Qatar et la Turquie, mais aussi un Etat qui lui est ouvertement hostile, et qui a soutenu la répression de l'Egypte contre les Frères musulmans : l'Arabie saoudite qui marque la présence arabe au sein de la coalition.