Une coalition de milices islamistes, qui contrôle la capitale libyenne et la deuxième ville du pays Benghazi, a dénoncé, hier, le dialogue lancé la veille par l'ONU dont elle a été exclue. À cette initiative visant à relancer le dialogue entre les différentes parties du conflit libyen, lancée par la mission des Nations unies en Libye, a pris part une vingtaine de députés libyens, d'un même Parlement dominé par les anti-islamistes. Mais, quoique symbolique, elle a été dénoncée par la coalition de milices Fajr Libya, qui a indiqué qu'elle "continuait ses opérations militaires". La coalition hétéroclite de milices, qui conteste le Parlement issu des élections du 25 juin, a formé un gouvernement parallèle à Tripoli, tandis que le Congrès général national (CGN, le Parlement sortant), dont le mandat a expiré théoriquement avec l'élection du nouveau Parlement, a repris ses travaux, compliquant davantage la situation. De leur côté, les combattants du Conseil de choura des révolutionnaires de Benghazi, une coalition de milices islamistes, qui comprend les combattants d'Ansar Charia, ont indiqué dans un communiqué qu'ils rejetaient un dialogue qui "n'a pas été bâti, selon eux, sur des bases justes". Par ailleurs, la très controversée Dar al-Ifta, la plus haute autorité religieuse du pays, a réclamé la "suspension" du dialogue, dénonçant les "décisions dangereuses" du nouveau Parlement. Dar al-Ifta, régulièrement critiquée pour son ingérence dans les affaires politiques, avait clairement appuyé les opérations de Fajr Libya à Tripoli, ainsi que des milices islamistes à Benghazi. Dans un communiqué, elle a dénoncé notamment le classement de ses combattants comme "terroristes" par le Parlement. Pour l'ONU, cette première réunion, qui a réussi à regrouper pour la première fois des députés rivaux du nouveau Parlement, dont certains boycottent les travaux du Parlement et soutiennent les milices, a été "positive et constructive". Celle-ci a permis d'amorcer un dialogue. Les deux groupes se sont, en effet, mis d'accord sur la poursuite des négociations après la célébration de l'Aïd et ont appelé à un cessez-le-feu immédiat. Elles ont, aussi, évoqué la nécessité d'ouvrir les aéroports et de laisser passer l'aide humanitaire. Mais plusieurs sources diplomatiques et onusiennes s'interrogent sur l'efficacité de cette réunion suite à sa dénonciation par les milices qui continuent à s'affronter sur le terrain. Amar R.