La fête de l'Aid s'est passée sans problèmes en Tunisie. Les menaces dont a fait état le ministre de l'Intérieur venant, selon ses dires des terroristes, ne sont restées qu'au stade de projets. Aussi, la fête s'est-elle passée généralement dans la joie, sans ce récurrent débat sur les élections appréhendées avec inquiétude. Les craintes de ceux qui craignent la bipolarisation semblent se justifier. Le démarrage, samedi, de la campagne électorale des législatives leur a donné raison. Mis à part les deux grands partis, Ennahdha et Nidaa Tounes, les autres étaient encore inscrits aux abonnés absents. Les deux grands ont pris la campagne à bras le corps. Dans la nuit de samedi à dimanche, quelques minutes seulement après zéro heure, les deux grands étaient déjà sur le terrain, soit pour distribuer des tracts électoraux soit placarder leurs affiches, sans compter les signes de fête qu'ils ont donnés à leur campagne. Celle-ci durera trois semaines et mettra en compétition 1326 listes qui briguent, le 26 octobre, 217 sièges à la prochaine assemblée du peuple. Au ministère de l'Intérieur, tout a été mis en place pour assurer la sécurité de l'opération électorale. 50 000 agents veilleront au bon déroulement du scrutin, annonce le département de l'Intérieur. N'empêche que cette campagne s'annonce chaude et des partis, de second degré, ont entamé leur campagne de dénigrement, tel le Front populaire. Celui-ci a déjà annoncé qu'il ne reconnaîtra pas les résultats de ces législatives s'ils ne lui accordaient pas une représentation qui corresponde à son poids dans la rue. Par cette déclaration, venant de la bouche de l'un de ses dirigeants Ziad Lakhdhar, ce parti vient mettre la pression sur l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) en se fondant sur "l'incapacité" de cette dernière à lutter, comme il se doit, contre les auteurs des falsifications de parrainages constatées au niveau des candidatures à la présidentielle. A ce sujet, 170 citoyens, au moins, ont déposé plainte contre des candidats qui, selon eux, ont exploité, à leur insu, leur identité pour gonfler le nombre de leurs parrains. D'ailleurs, une information judiciaire a été ouverte par le parquet pour statuer sur les présomptions de tels parrainages. Cependant, les multiples et interminables déclarations des responsables des partis politiques font ressortir certaines orientations en fonction desquelles l'électeur va choisir les futurs élus. On sait déjà, que le parti Al Joumhouri n'envisage pas une alliance avec le parti islamiste. Cette affirmation vient de la bouche du candidat à la présidentielle Ahmed Néjib Chebbi que ses détracteurs donnaient comme proche du parti Ennahdha qui représente, aux yeux de tous les acteurs politiques, le parti à battre. Sur le plan sécuritaire, les unités de la Garde nationale et de l'armée ont procédé, samedi (jour de l'Aïd) à l'arrestation d'un groupe de terroristes dans une localité à 10 kilomètres de Kasserine (Centre-ouest). Aucune précision n'a été fournie ni sur le nombre des individus arrêtés, ni sur leur identité. M. K.