écosystème Les filières économiques qui attirent les jeunes étudiants sont celles qui offrent comme débouchés les métiers dans le marketing, le commerce, la finance et la gestion. Des emplois valorisants qui font rêver les bacheliers. Mais il faut avoir une bonne moyenne pour accéder aux classes préparatoires aux grandes écoles. Ces étudiants, une fois le diplôme en poche, peuvent, en quelques années de travail, toucher des salaires entre 100 000 et 200 000 DA dans des sociétés étrangères implantées dans le pays ou de grandes entreprises algériennes. Un directeur de marketing peut toucher 200 000 DA par mois, un ingénieur de commerce dans une société pharmaceutique plus de 150 000 DA. Ce qui provoque un rush vers ces spécialités. À cela s'ajoute le fort désir de nombreux jeunes de devenir managers ou patrons de jeunes entreprises, d'où le choix de passerelles ou de filières qui leur permettent de réaliser cette ambition. En revanche, l'université des sciences économiques de Dély Ibrahim draine les bacheliers qui ont décroché de manière générale le baccalauréat avec la mention passable. Du coup, s'érige un système d'écrémage avec la formation d'une élite qui a de fortes chances d'accéder à un poste bien rémunéré et d'une masse d'étudiants qui, pour la plupart, auront de la peine à décrocher un emploi. L'université algérienne crée donc deux collèges. Cette situation est exacerbée par l'inadéquation entre les formations dispensées et les besoins des entreprises. L'université algérienne forme donc, pour la plus grande partie des cohortes d'étudiants, des chômeurs. La création de pôles d'enseignement d'excellence constitue une initiative à encourager. En d'autres termes, les grandes écoles comme HEC, l'Ecole supérieure de commerce, sont censées former les cadres dont a besoin l'économie algérienne pour muscler sa compétitivité. Mais ont-elles les moyens pédagogiques, réunissent-elles les conditions pour former les cadres à fort potentiel que recherchent les entreprises dynamiques en Algérie ? Selon un spécialiste en gestion, le contenu des formations est à repenser, les conditions d'études à améliorer si on veut garantir la qualité de l'enseignement en sciences économiques et gestion. Pour les étudiants plus fortunés, les écoles privées comme le MDI, l'Insim et l'Ecole algéro-française des affaires forment des cadres à fort potentiel en gestion. Ces diplômés des grandes écoles privées sont très recherchés par des entreprises dynamiques en Algérie. Enfin, l'une des pistes est d'offrir de plus grandes chances à cette cohorte d'étudiants qui risquent de ne pas trouver d'emploi en s'efforçant de mettre en adéquation les formations courtes ou longues avec les besoins du marché, de combler leurs lacunes de manière à démocratiser l'accès à des emplois stables et bien rémunérés. Cela ne sera possible qu'avec la réforme qualitative de l'université, un développement d'un tissu plus important d'entreprises performantes dans la production de biens et services, la réindustrialisation du pays ainsi qu'avec la mise en place d'un écosystème qui facilite la création de très petites entreprises ou de start-up par les jeunes diplômés.