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Karim Tabbou, hier, au forum de "Liberté"
"Le pays fonctionne au jour le jour"
Publié dans Liberté le 08 - 10 - 2014

Pour l'ex-premier secrétaire du FFS, aujourd'hui, le pays n'obéit à aucune norme, ni politique ni même scientifique. Les Algériens ne peuvent plus se projeter au-delà de 24h.
Invité en sa qualité de député indépendant et ex-premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou s'est révélé, hier, au forum de Liberté, un fin politique. Il commencera d'emblée son intervention par des éloges sur cet "espace de débats intéressants, un lieu d'échanges et de formation de la conscience politique" qu'est, selon lui, le Forum de Liberté. Il s'est félicité ainsi, de l'existence du forum de Liberté qui, selon lui, participe à éclairer l'opinion nationale, voire au-delà.
Ensuite, M. Tabbou reprendra à son compte deux citations l'une d'Alexandre Soljenitsyne et l'autre de Mouloud Mammeri pour signifier, de manière philosophique d'abord, l'impasse à laquelle nous a menés aujourd'hui le pouvoir. Il se montrera ensuite plus disert en martelant sans ambages que "le pays vit une paralysie institutionnelle et un blocage politique". Tabbou se montrera ainsi incisif non seulement à l'endroit du pouvoir qui en prendra largement pour son grade, mais aussi à l'égard de ce qui est appelé communément "l'opposition". "Excusez-moi cette précision : sur le plan sémantique, je préfère le mot résistance. Le concept de l'opposition n'est adéquat que dans un système qui fonctionne dans les normes politiques, d'exercice et d'alternance au pouvoir avec une garantie du respect intégral des libertés. Dans notre cas et après des décennies de répression et de violences, il n'est pas faux de se considérer comme des survivants."
Tabbou n'a sûrement pas tort. De ce point de vue, nous sommes tous effectivement des miraculés ! Malgré cela, l'espoir est toujours permis. Pour l'invité de Liberté, il n'y a pas lieu de s'attarder sur les constats, "au risque de nous répéter". L'essentiel, pour lui, est de poser de nouveaux jalons après notamment la désillusion qui a suivi les événements d'Octobre 88. En effet, malgré la promesse de mettre fin au système du parti unique, celui perdure, selon lui, sous une autre forme. Jugeons-en. "Aujourd'hui, 26 ans après, le pays compte plusieurs partis uniques, un pluralisme de façade, de fausses représentations sociales et une classe politique sclérosée."
Sur le plan économique, il déplore une absence de vision. "La mainmise du pouvoir politique sur la gestion de l'économie a généré des comportements rentiers et a rendu vulnérable le pays tout entier." Et de décliner les différentes faiblesses : dépendance des hydrocarbures, absence d'un tissu industriel, corruption généralisée, développement de comportements clientélistes, incohérence du modèle de développement économique, instabilité juridique, etc. Il n'occultera pas, également, le fait que des hommes politiques frayent aujourd'hui avec le milieu des affaires.
L'absence d'engagement des responsables
"L'initiative est bloquée. Nombre de responsables, installés confortablement dans l'attentisme, ne veulent pas s'aventurer à tenir des déclarations dont ils ne sont pas sûrs qu'elles plairont au pouvoir."
Très au fait de l'actualité, Tabbou a mis le doigt sur une douleur lancinante, à savoir la communication institutionnelle. A le croire, moins on en fait et plus on reste au pouvoir ! Le nouveau mot d'ordre chez nos responsables est, semble-t-il, de ne pas faire de vagues.
Pour preuve, l'annonce du kidnapping puis de la décapitation du malheureux guide de haute montagne Hervé Gourdel avait coïncidé, on s'en souvient, avec l'ouverture du Salon du tourisme à Paris auquel prenait part l'Algérie. Le stand de notre pays fut alors envahi par une escouade de journalistes français qui, hélas, n'ont trouvé aucun responsable en mesure de s'exprimer sur cette terrible nouvelle même en... son nom.
D'autres officiels - et non des moindres - ont, eux aussi, perdu, à cette occasion, leur latin. Aussi, en l'absence de réaction officielle, un responsable a-t-il le droit de s'exprimer en tant que citoyen ? C'est en substance la question posée par Tabbou qui ne conçoit pas un tel manque d'engagement chez nos responsables et à différents niveaux. Il apporte néanmoins son explication : "Le pays est devenu une grande salle d'attente. Le pouvoir a mis tout en œuvre pour laminer l'université, la presse, les partis politiques, etc." Il rappellera à cet égard les consultations sur la révision constitutionnelle et le tapage médiatique sur cette opération qui a, semble-t-il, fait un flop notamment à cause de l'absence de participation des ténors de l'opposition. "Aucun responsable n'est en mesure de vous donner la moindre indication sur ce qu'il est advenu de ces consultations qui ont tout l'air de connaître le même sort que la commission Bensalah en 2011."
Pour lui, le pouvoir ne veut pas se défaire de la logique de répétition de ses échecs. Il le soupçonne même de vouloir gagner du temps en reportant à chaque fois les débats en suspens. "Le pays n'obéit à aucune norme ni politique ni même scientifique. On ne peut plus se projeter au-delà de 24 h. Le pays fonctionne au jour le jour sans visibilité ni perspective."
Interdit d'activité politique ?
Revenant sur les difficultés à tenir le congrès constitutif de l'Union démocratique et sociale (UDS) dont il est le porte-parole, Tabbou n'y ira pas par quatre chemins. "Si je suis interdit d'activité politique, c'est la justice qui doit me le signifier. Je veux savoir !" De toute manière, pour lui, on a bien vu des personnes interdites d'activités politiques s'adonner à des pourparlers au plus haut niveau. "Nous sommes des légalistes. Toutes nos activités s'inscrivent dans un cadre pacifique. On ne veut pas créer de précédent. Mais on va résister et se battre. On ne renoncera jamais à ce doit !"
Il rappellera à ce sujet que l'une des avancées notables de la Constitution de 1989, c'est précisément l'autorisation des associations à caractère politique. "Malgré tous les amendements qui sont intervenus, l'article 42, par lequel le droit de créer un parti politique est reconnu et garanti à tout citoyen algérien jouissant de ses droits civiques, n'a jamais été abrogé. Et pourtant, je suis interdit de fonder un parti politique", se plaint-il.
Toutefois, il ne veut pas croire que c'est la personne de Karim Tabbou qui pose problème. Le problème serait, d'après lui, beaucoup plus profond. "On ne veut pas régénérer la scène politique nationale par de nouvelles idées et de nouvelles générations", croit-il savoir. "Ce blocage n'est pas justifié sur le plan légal. Nous nous sommes conformés à toutes les dispositions de la loi. Si je vous donnais les détails cela demanderait plusieurs heures de discussions. Le blocage est d'ordre politique. Ce n'est pas un problème administratif. Nous allons nous battre pour ce droit non négociable de fonder un parti politique. Nous n'avons pas commis de crimes économiques ni porter des armes ni tuer qui que ce soit", précise-t-il en levant les mains en l'air. Se sentant désarmé, il se posera à haute voix une question très pertinente. "Quand un député est dans l'incapacité de défendre sa propre cause. Comment peut-il défendre les intérêts de la société ?", se demande-t-il, à juste titre. Il regrette surtout que des partis soient aujourd'hui en embuscade et à l'affût de postes ministériels ou de sièges à l'assemblée.
Il se désole ainsi, de voir des partis politiques qui louvoient du côté du pouvoir dans l'espoir que celui-ci trafique les élections en leur faveur. "On proclame souvent des valeurs et des principes alors qu'à l'épreuve du terrain, la puissance des personnes dépasse de loin celle des instances. Et quand c'est à l'échelle d'un pays, cela devient très grave." A une question de la politologue Louisa Aït Hamadouche présente au forum de Liberté qui s'interrogeait si «être chef de l'UDS un jour signifiait être chef de l'Uds pour toujours", Tabbou, qui n'a pas sa langue dans sa poche, a trouvé la bonne repartie. Jugeons-en : "Nous ne sommes pas des démocrates non pratiquants. Nous avons banni le principe de la désignation. D'après nous, le système de cooptation abouti toujours à l'impunité et à l'irresponsabilité."
S'agissant de la main de l'étranger que le pouvoir continue à agiter comme un épouvantail, celle-ci relève, selon lui, d'abord de la responsabilité du pouvoir qui, au lieu d'instrumentaliser ces risques devrait faire face à la situation intenable du pays. "L'élément étranger viendra nous chercher dans nos vulnérabilités", assène, non sans raison, Tabbou. De ce point de vue, si les puissances occidentales réussissent aussi bien chez nous, c'est que, d'une certaine manière, elles ont trouvé la faille.
La transition selon Tabbou
"Même le FLN de 1988 est plus respectable que celui de 2014. Si au moins les partis du pouvoir avec leurs énormes moyens et appuis pouvaient mobiliser la population, on serait plus tranquilles. On est en présence effectivement de gros risques pour le pays." Quant à la vacance de pouvoir qui agite ces derniers jours le microcosme algérois, il ne s'agit pas, d'après lui, de focaliser sur une personne ni sur une institution. Et pour cause ! "Plus personne n'assume aujourd'hui son rôle." "Honnêtement, il n'y pas que le président de la République qui est absent. Le pays entier tourne dans le vide. L'absence du chef de l'Etat est aggravée par l'absence des autres institutions", estime-t-il. Sans recourir aux méthodes violentes, il s'agit, d'après l'invité de Liberté, de restaurer la confiance et "mettre fin à l'exploitation des traumatismes et des peurs pour bloquer toute idée du changement".
D'après lui, la scène politique est réduite aujourd'hui aux seuls écrits de la presse. "Il faut passer à une autre manière de faire la politique", recommande-t-il expressément. Il propose ainsi, la tenue d'une Assemblée constituante à la fin de l'actuelle législature et de l'actuel mandat du président de la République. Sa suggestion est assortie de délais précis : jusqu'à 2017 pour rédiger une nouvelle Constitution et 2019 pour organiser des élections générales. Il reconnaît que son idée est réalisable à la condition d'enclencher un processus et de créer une réelle volonté de changement à tous les niveaux. "Chacun a un rôle important à assumer."


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