Une nouvelle affaire défraie la chronique en Tunisie, celle du journaliste binational (algéro-tunisien) Nasreddine Ben Hadid. Dimanche, au cours de l'émission "Liman yajro' faqat" (Pour celui qui ose seulement) à laquelle était invité le candidat à la présidentielle, Mustapha Kemal Nabli, le journaliste a dérapé sans que l'animateur de l'émission ne le lui demande. D'emblée, Ben Hadid a déclaré son amitié au jihadiste de Ansar Charia, Abou Iyadh, réfugié en Libye. Enfonçant le clou, il a fait part de sa fierté de cette amitié ajoutant qu'il "défie la justice, les forces de sécurité et les services de renseignement, affirmant que ceux qui se disent lutter contre le terrorisme sont ceux-là mêmes qui l'ont créé". Il n'en fallait pas plus pour que l'Union nationale des syndicats des forces de sécurité (UNSFST) réagisse avec vigueur. Dans un communiqué, cette organisation a demandé, expressément, à la justice de se saisir de l'affaire, d'autant plus qu'il s'agit d'"une offense aux forces de l'ordre et d'un défi au pouvoir judiciaire, au gouvernement et au ministère de l'Intérieur" qui avaient classé Ansar Charia organisation terroriste. Le communiqué ajoute que "ce discours constitue une atteinte à la sûreté et à la souveraineté de l'Etat". Cette déclaration a, aussi, attiré, à son auteur, les foudres des facebookers qui estiment que c'était une manière dissimulée de faire l'apologie du terrorisme. Désormais, il a maille à partir avec la justice. Ben Hadid a été convoqué par le parquet pour s'expliquer devant le procureur adjoint de la République au cours de cette semaine, bien qu'il ait publié, sur sa page facebook, une lettre d'excuses à l'adresse de toutes les personnes choquées par ses propos. Il a dit s'être mal exprimé, affirmant qu'il voulait, simplement, dire qu'"on n'a pas encore su comment lutter contre le terrorisme". Cependant, ces excuses sont-elles suffisantes, aux yeux de la loi, pour le disculper ? Il est à craindre que ce ne soit pas le cas. La loi est claire à ce sujet. Est punie d'une peine d'emprisonnement toute personne qui fait l'apologie du terrorisme ou qui entretient une quelconque relation avec les terroristes. D'autant plus — et Ben Hadid ne l'ignore pas — que Ansar Charia est classée comme organisation terroriste interdite en Tunisie. Ainsi, il s'est jeté, de son propre gré, dans la gueule du loup.