Le ministère envisage de réviser la tarification de l'eau. Le secteur de l'eau est en crise. L'Algérie va vers une catastrophe si des mesures ne sont pas arrêtées aujourd'hui pour faire face aux graves déficits chroniques en ressources hydriques qui s'annoncent pour les prochaines années. C'est ce qui ressort de l'audition récente du premier responsable du département. “Ce dernier a exposé au chef de l'Etat un point de situation et les axes de la stratégie de l'eau d'ici à 2020”, nous a confié un responsable du ministère. Ce qui ressort également, c'est que la distribution de l'eau dans les grandes villes serait confiée à la française ONDEO, du groupe Suez. Des discussions ont eu lieu pendant plusieurs mois entre cette entreprise et l'Algérienne des eaux (ADE) ainsi qu'avec l'Office nationale d'assainissement (ONA). Un protocole d'accord de partenariat entre ONDEO et l'ADE ainsi qu'avec l'ONA est finalisé. Il sera soumis prochainement au gouvernement. Il porte sur la gestion du service public de l'eau et de l'assainissement. Il s'agit de “gestion déléguée” visant, en gros, à réduire les coûts et à améliorer le service. Le chef de l'Etat aurait donné son feu vert à ce contrat qui s'assimile à du gré à gré, ajoutera la même source. En clair, il serait d'accord pour confier la gestion de la distribution de l'eau dans les grandes villes à cette firme qui aurait donné ses preuves d'efficacité, en termes notamment d'amélioration de services au Maroc. Les défaillances des entreprises de distribution nationales motivent cette décision. Une nouvelle politique de tarification de l'eau en 2003 Cependant, une nouvelle politique de tarification de l'eau est nécessaire pour intéresser le partenaire. En clair, le ministère envisage de réviser la tarification de l'eau. Il proposera au gouvernement une politique tarifaire fondée sur le juste prix de l'eau au cours du premier semestre 2003. Traduire : les prix de l'eau vont augmenter. Il s'agit de savoir si cette hausse touchera tous les citoyens et tous les secteurs ou se limitera aux gros consommateurs et aux industriels. En résumé, le département propose une gestion de la distribution de l‘eau en partenariat avec des firmes étrangères et une révision du prix de l'eau. Il estime les pertes d'eau dans les réseaux, à l'échelle du nord du pays, à près d'un milliard de mètres cubes. De quoi assurer la distribution de l'eau H24, du moins un jour sur deux à 10 millions d'habitants minimum. Ce qui veut dire que sans ce grave problème de fuites qui perdure, les habitants d'Alger, d'Oran, de Constantine et de Annaba et de beaucoup d'autres villes au moins ne connaîtraient pas le calvaire actuel. Ils auraient eu une distribution d'eau continue, du moins beaucoup moins perturbée. 70% de la population n'ont de l'eau qu'un jour sur trois L'exposé du ministre signale qu'au cours de l'été dernier, 70% de la population avaient de l'eau 1 jour sur 3, 20% 1 jour sur deux, 10% H24 en raison d‘une meilleure disponibilité locale des ressources. Quant à l'envasement des barrages, autre source de la rareté de l'eau, il est évalué à 475 millions de mètres cubes, soit près de 10% de la capacité de stockage de tous les ouvrages. C'est l'équivalent de trois grands barrages. Sur 900 retenues collinaires, 500 hors d'usage Par ailleurs, sur les 900 retenues collinaires, réalisées au cours des années 1980, 500 sont hors d'usage. Elles ont été aménagées en majeure partie sans études préalables et sans tenir compte des besoins réels. En matière de stratégie, il est préconisé pour faire face aux graves déficits en eau qui s'annoncent, le dessalement de l'eau de mer en zone côtière pour une volume de 1 million de m3/jour à moyen terme et 3 à long terme, l'augmentation du nombre de barrages à réaliser, la modernisation du service public de l'eau en partenariat, la protection des ouvrages contre l'envasement et la réalisation de dizaines de stations d'épuration. Enfin, avec le concours de la Banque mondiale, le département de l'Eau est en train d'élaborer un diagnostic précis du secteur et une loi-programme 2004-2008. L'étude sera bouclée en juin 2003. Elle conduira, selon l'exposé, à une politique de gestion de l'eau plus efficace. N. R.