L'heure est grave. C'est ce que semble dire le mouvement Barakat qui a rendu publique, hier, sa plateforme politique. Le document s'apparente à un véritable réquisitoire contre le régime et se lit comme un appel à un sursaut d'orgueil pour sauver ce qui reste de la maison Algérie. "Le contexte est historique et la prise de responsabilité citoyenne est, encore une fois, comme par le passé, la seule à pouvoir relever le défi et élever notre pays au rang des sacrifices que son peuple a consentis pour le bâtir, un pays au niveau des aspirations des nombreux combats d'avant-garde et républicains, de liberté, d'égalité et de résistance, le combat pour une démocratie libératrice et une Algérie prospère, un refus permanent de la soumission et une continuité du combat contre le népotisme et l'injustice, la dictature et l'intégrisme qui mènent aujourd'hui notre pays au chaos, un parachèvement de l'indépendance nationale", lit-on dans le préambule de la plateforme. Barakat, qui se définit comme "un mouvement citoyen, ouvert, large, démocratique, pluriel, participatif, pacifique", se fixe pour "objectif" et "finalité" de "faire passer par la protestation non violente et la proposition, sous toutes les formes possibles et organisées, l'Algérie de Novembre, d'un système politique cliniquement mort, maintenu en état de vie artificielle par des hommes cacochymes selon des pratiques d'un autre âge et des méthodes révolues, vers un système réellement démocratique et participatif, respectant, dans l'esprit et la lettre, les libertés individuelles et collectives, toutes les libertés". La plateforme se décline en 5 volets : politique, judiciaire, économique, administratif et socioculturel. Sur le plan politique, Barakat réaffirme le "caractère démocratique, moderne, républicain et séculier de l'Etat algérien, récusant la dictature et l'autoritarisme" et plaide pour "une transition démocratique pacifique". Pour le volet économique, le mouvement défend une "économie basée sur le développement durable (...)" et l'"affranchissement de la logique rentière et (la) mise en place d'industries nationales créatrices d'emplois, de richesses et de croissance nationale, allégeant le poids colossal des importations". Enfin, pour conclure, le mouvement Barakat "invite à travers cette plateforme, les citoyennes et les citoyens algériens, à continuer la lutte pacifiquement pour le changement démocratique, de prendre conscience de la nécessité de l'implication citoyenne et de l'engagement de toutes les classes sociales pour construire l'Algérie de demain, celle de nos enfants et des sacrifices de nos aînés".