Il y a 50 ans, le 21 octobre 1964, le Mexique et l'Algérie ont établi des relations diplomatiques. Deux ans plus tôt, l'Algérie avait obtenu son indépendance de la France après presque huit ans de lutte. À la base de cette reconnaissance diplomatique, toujours présente dans la mémoire de la classe politique algérienne, on retrouve l'appui du Mexique au Front de libération nationale, en 1955, en votant en faveur de l'inscription de la "question algérienne" à l'Assemblée générale de l'ONU. En 1974 et 1975, les deux pays ont ouvert des ambassades respectives avec résidence à Alger et dans la ville de Mexico. Le président mexicain de l'époque, Luis Echeverría, a visité l'Algérie en 1975 dans le cadre de sa "Tournée tricontinentale". Le président algérien Chadli Bendjedid a visité le Mexique en 1981 dans le cadre de la Conférence Nord-Sud de Cancún et en 1985 en visite d'Etat. La dernière visite à ce niveau a été réalisée à Alger, en 2005, par le président Vicente Fox. En commémorant les 50 années des relations diplomatiques, avec un regard tourné vers l'avenir, nous retrouvons un premier point fort qui est la survie d'une excellente relation politique entre deux pays qui partagent la même vocation, en ayant la capacité et l'influence dans leurs régions respectives, pour agir de manière constructive dans le but de consolider un ordre mondial plus sûr et plus prospère. Un objectif résume l'aspiration des deux pays : une gouvernance mondiale plus équitable, participative et représentative. Les politiques extérieures du Mexique et de l'Algérie se caractérisent par des similitudes importantes : l'autodétermination et la solution pacifique des conflits sont des principes d'action qui décrivent les efforts actuels réalisés par la diplomatie algérienne par rapport aux crises du Mali et de la Libye (comme le faisait autrefois la diplomatie mexicaine à travers le groupe de Contadora par rapport aux crises de l'Amérique Centrale) pour trouver des solutions politiques, et non militaires, aux conflits. Le pourcentage de concordance concernant le vote des résolutions approuvées pendant la dernière Assemblée générale de l'ONU est de 83%. L'objectif est de renforcer notre dialogue politique à travers les visites et les consultations bilatérales sur les questions régionales et multilatérales. L'Algérie partage un élément commun avec le Mexique qui est la jeunesse de sa population, Au Mexique, d'une population actuelle de 118 millions de personnes, 50% ont moins de 26 ans et la moyenne d'âge est de 29 ans. En Algérie, avec 39,2 millions d'habitants, 65% ont moins de 30 ans avec une moyenne d'âge de 27 ans, ce qui permet d'avoir un aperçu relatif au potentiel économique et humain dans les échanges bilatéraux. L'Algérie est le deuxième partenaire commercial du Mexique en Afrique. Durant les dernières années, le commerce bilatéral a enregistré une moyenne d'environ 200 millions de dollars annuels. Le Mexique exporte vers l'Algérie essentiellement du blé dur et des pois chiches. L'Algérie exporte vers le Mexique du gaz. Toutefois, ledit commerce ne profite pas encore du vrai potentiel que comptent les deux pays, ni de leur situation stratégique vis-à-vis de leurs principaux partenaires commerciaux. En considérant ce panorama, le défi majeur de la relation est d'exploiter ce potentiel économique et humain pour donner à notre excellente relation politique un plus grand contenu économique et de coopération. Les secteurs déjà identifiés sont l'agroalimentaire, l'énergie, la construction et le secteur pharmaceutique. L'expérience du Mexique en matière d'ouverture et de transformation de son économie peut être mise à profit par l'Algérie afin de réussir sa propre transition économique dont le but est de réduire sa dépendance des hydrocarbures. Ce que l'Algérie attend du Mexique est une relation de partenaire qui fournit à son développement de la technologie et de la formation de ressources humaines. La réflexion du 50e anniversaire et les perspectives de l'avenir convergent vers la nécessité de mieux nous connaître. Le Mexique et l'Algérie sont arrivés à la même phase éliminatoire de la dernière Coupe du monde de football en jouant chacun de son côté deux parties remarquables contre la Hollande et l'Allemagne. Là-bas, ils ont montré leur potentiel et leur compétitivité. Il faudrait déplacer le ballon plus souvent et avec précision entre les deux pays pour donner une plus grande dimension, une nouvelle forme et contenu à cette amitié de 50 ans. juan josé gonzàlez mijares Ambassadeur du Mexique en Algérie