Les terroristes de Daech (EI) ont lancé hier de nouvelles attaques contre la ville syrienne kurde de Kobané, en Syrie, et dans une région du nord de l'Irak également sous contrôle des forces kurdes. Ces attaques ont lieu en dépit de l'intensification des frappes aériennes de la coalition internationale, ce qui conforte, à l'évidence, le constat sur l'inefficience des seules frappes pour endiguer la fulgurante progression terroriste. A Kobané, à quelques kilomètres de la frontière turque, plusieurs frappes de la coalition menée par les Etats-Unis sont venues appuyer les troupes au sol dans la nuit, mais les combats se sont poursuivis hier dans l'est de la ville, où s'est produite une explosion, vraisemblablement à la voiture piégée. La veille, les combats avaient fait 17 morts dans les rangs terroristes et cinq du côté kurde, selon un bilan de l'OSDH. Dans l'Irak voisin, les terroristes ont poussé vers le nord et attaqué la ville de Qara Tapah, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière iranienne, poussant quelque 9000 personnes à la fuite. Un responsable du secteur militaire dira avoir lancé un appel à des frappes aériennes de la coalition internationale. Mais là aussi, le constat s'impose : la coalition a mené ses premières frappes sur les positions irakiennes de l'EI le 8 août, mais plus de 4 mois après, elles commencent à montrer leurs limites face aux terroristes, qui contrôlent l'immense majorité de la province occidentale d'Al-Anbar. Des responsables américains et irakiens ont reconnu à plusieurs reprises qu'une stratégie purement aérienne ne permettrait pas de gagner cette guerre, soulignant la nécessité de renforcer l'armée irakienne, totalement dépassée au début, en juin, de l'offensive de l'EI. En attendant, la coalition multiplie les raids – plus de 140 uniquement à Kobané depuis fin septembre – et s'appuie sur les Kurdes, devenus ses meilleurs alliés dans la lutte contre l'EI. Lundi, pour la première fois, trois avions cargos C-130 américains ont largué des armes, des munitions et du matériel médical sur les positions des Unités de protection du peuple (YPG). Il s'agit d'"aider à la poursuite de la résistance", a expliqué l'armée américaine, en précisant que les équipements largués étaient fournis par les autorités kurdes d'Irak. La région autonome du Kurdistan irakien a également promis d'envoyer des hommes à Kobané. Pour faciliter l'arrivée de ces renforts, la Turquie a annoncé l'ouverture de sa frontière, une déclaration saluée par Washington, qui presse depuis des semaines Ankara d'agir sur le dossier syrien. Malgré la pression de ses alliés, le gouvernement islamo-conservateur turc a jusqu'à présent refusé toute intervention militaire pour aider les combattants kurdes de Syrie. Les Etats-Unis continuent néanmoins de discuter avec la Turquie pour voir comment ce pays pourrait aider à combattre l'EI. Parallèlement, à Téhéran, le président Hassan Rohani a reçu hier le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi, pour discuter du soutien de ce pays à l'Irak dans sa lutte contre les terroristes. Amar R.