Le FFS, après avoir macéré et maturé son projet de "conférence pour le consensus national", est passé, depuis mardi, à la deuxième phase, en faisant une sorte de porte-à-porte pour la proposer aux partis politiques. L'exercice risque de s'étaler dans le temps, tant les partis politiques agréés sont une kyrielle improbable en Algérie. À moins que la direction du FFS n'ait arrêté sa "short-list". Ce qui serait d'ailleurs plus sage. Mais, déjà au bout des trois premières rencontres avec le FLN, le RND et Ali Benflis, la délégation du FFS a dû comprendre que la voie du consensus n'est pas pavée de bons sentiments. Une patience de bénédictin est, par conséquent, plus que nécessaire. En effet, même si les trois partis concertés par le FFS ont affirmé s'en remettre à leurs instances exécutives pour examiner l'offre, on peut d'ores et déjà percevoir dans certains propos tenus par les uns et les autres des marques de désaccord. Ainsi, pour Amar Saâdani, la légitimité du président Bouteflika est totalement hors de cause. Et mieux encore, il estime que l'urgence actuelle, c'est la situation à Tamanrasset et aux frontières sud du pays. N'est-ce pas là une manière à la fois subtile et subliminale de la part du chef du FLN de suggérer au FFS de mettre temporairement au frigo son initiative et donner la priorité à ces urgences sous la conduite du chef de l'Etat ? Une façon de voir, totalement récusée, hier, par Ali Benflis. Ce dernier, qui se projette dans l'après-Bouteflika, dénie toute légitimité à ce dernier, réaffirme encore la vacance du pouvoir présidentiel et la paralysie institutionnelle. Ali Benflis, considérant le président Bouteflika comme le cœur du problème aujourd'hui, ne saurait du coup, selon lui, être partie prenante de la solution, dans le cadre d'une phase de transition. Pourtant, entre le FLN, version Saâdani, et Benflis, c'est la même matrice politique, même s'ils sont actuellement sur des registres stratégiques frontalement opposés. Aux premiers jours de concertations, déjà les premiers désaccords. On se demande, alors, quelle sera la suite quand le FFS aura à "vendre" son projet à la CNLTD, qui voit dans la conférence pour le consensus du "plus vieux parti de l'opposition" une initiative concurrente. La mission sera certainement plus complexe pour la direction du FFS quand il s'agira de mettre en accord des partis qui ont des divergences historiques. C'est dire finalement que si le projet du FFS, à travers lequel il se cherche un repositionnement sur l'échiquier politique, est louable, dans les faits, c'est presque mission impossible.