En dépit des appels à l'arrêt des violences en Libye, l'offensive des forces gouvernementales contre les milices islamistes de Fajr Libya se poursuit à Benghazi. Vingt-neuf personnes ont été tuées, jeudi à Benghazi, dans des raids, des affrontements à l'entrée ouest de Benghazi, ainsi que des heurts violents sporadiques qui interviennent suite à l'offensive de l'armée libyenne, appuyée par des partisans armés du général à la retraite, Khalifa Haftar, contre les maisons d'un certain nombre de chefs de milices, selon des sources médicales. Cela porte le bilan des victimes dans la ville à au moins 149 personnes en une semaine. "Le centre a reçu jeudi 19 corps, dont 4 non identifiés et celui d'un officier de la brigade 204 des chars d'assaut de l'armée libyenne, ainsi que celui d'un chef islamiste d'Ansar al-Sharia", a déclaré une source du centre médical de Benghazi. "Les autres victimes ont succombé à des blessures lors d'affrontements à Ard Ezwawa, et dans la zone de Bo-Dzera, elles ont été exécutées en dehors du cadre de la loi ou ont été blessées par des balles perdues", a-t-elle précisé. L'offensive du général Haftar se situe dans le prolongement d'une opération lancée en mai dernier baptisée "Dignité" pour reprendre Benghazi et Tripoli des mains des milices islamistes qu'il a qualifiées de "terroristes". Mais plusieurs puissances occidentales, notamment européennes et les Etats-Unis, ont appelé à la fin de cette opération, craignant les incidences négatives de cette flambée des violences en Libye sur le dialogue politique lancé fin septembre par l'ONU, dans le but de mettre fin aux violences et à l'anarchie institutionnelle dans le pays. Leur emboîtant le pas, l'Union africaine (UA) a exprimé, jeudi, sa profonde préoccupation devant ce regain de violence en Libye, soulignant l'importance de l'initiative de l'Algérie pour faciliter la tenue d'un dialogue interlibyen, a indiqué jeudi un communiqué de l'Union. "La présidente de la Commission de l'Union africaine (UA), Nkosazana-Dlamini Zuma, continue de suivre de près l'évolution de la situation en Libye. Elle note avec une profonde préoccupation le regain de violence en différentes régions du pays, notamment à Benghazi, à l'Est, et dans le djebel Gharbi, à l'Ouest", précise la même source. La présidence de la commission a réitéré la conviction de l'UA selon laquelle il n'y avait pas de solution militaire à la crise actuelle, affirmant qu'elle lançait à nouveau un appel "pressant" aux parties libyennes pour qu'elles mettent un terme à la violence et s'engagent de "bonne foi" dans un dialogue national inclusif en vue de surmonter leurs divergences et de promouvoir "durablement" la paix et la réconciliation. Mme Zuma a souligné, dans ce cadre, l'importance de l'initiative prise par l'Algérie en vue de faciliter la tenue d'un dialogue interlibyen qui offre une "réelle" opportunité pour faire avancer la recherche d'une solution négociée, ajoutant qu'elle lance un appel à tous les acteurs internationaux concernés pour qu'ils apportent tout le soutien nécessaire en vue du succès de cette initiative. Par ailleurs, la commission est en train de prendre les dispositions nécessaires pour la tenue, mi-novembre, à Addis-Abeba, de la réunion ministérielle inaugurale du groupe international de contact pour la Libye (GIC-L), dont l'objectif est de "favoriser un engagement international coordonné en appui à la recherche de la paix et de la promotion de la réconciliation en Libye". Amar R.