Le Congrès international féminin intitulé "Parole aux femmes, pour une société de paix" a ouvert ses travaux, hier matin, au Centre des conventions d'Oran, devant près de 3 000 congressistes venus de nombreux pays d'Afrique, d'Amérique du Nord, d'Asie, ou encore d'Europe et du Moyen-Orient. Ce congrès qui se veut une première mondiale, organisé par la Tariqa soufie Alawiya, veut promouvoir le concept du "mieux vivre ensemble, de la culture de la paix", et ce, à travers la femme qui, par essence, est "porteuse de paix et à même de transmettre ses valeurs humaines". La cérémonie d'ouverture, qui s'est déroulée devant un parterre d'invités, des représentants des autorités locales, du corps diplomatique, de la ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme qui se trouve à Oran pour une visite d'inspection, a été marquée par la présence du conseiller du président de la République qui parraine l'événement. Ce dernier, Mohamed Ali Boughazi, est monté à la tribune pour lire un message où le président Bouteflika rappelle les luttes de la femme algérienne, indiquant que "l'islam n'est pas cette religion de la violence", faisant alors allusion à ce qui se passe dans certains pays arabes. Un message qui sera suivi par l'allocution de Cheikh Bentounes évoquant, pour sa part, ce projet "de porter la culture de la paix" et d'œuvrer pour un monde qu'il souhaite fait de "fraternité avec la femme qui est par essence porteuse de paix". En marge des travaux, qui vont se poursuivre jusqu'au 30 au soir, le chef spirituel de la confrérie Alawiya donnera une conférence de presse au cours de laquelle il sera question d'extrémisme religieux, de prosélytisme pratiqué par d'autres religions en Algérie, mais avec, à chaque fois, un lien à peine voilé fait entre extrémisme et islam. Ainsi, Cheikh Bentounes se positionnera sur ces questionnements estimant qu'"aujourd'hui, il s'agit du monde entier, pas uniquement de l'Algérie, où le prosélytisme, quel qu'il soit, est quelque chose qui agresse l'autre, alors que nous avons besoin d'échange et de dialogue. Aujourd'hui en Algérie, nous n'avons rien à craindre, nous avons à craindre les extrémismes d'où qu'ils viennent, et c'est la crainte qui nourrit ces extrémismes". Interpellé sur son discours où la liaison entre culture de la paix et le religieux est apparue très forte (pensée occidentale), un journaliste demandera si parler de paix ne doit pas s'exprimer en termes de justice avant tout, et de citer la condition faite aux Palestiniens de Gaza. Visiblement irrité, le guide de la confrérie soufie répliquera : "Je ne lie pas la paix et la religion, la paix est une culture humaine, et vous posez ici un problème politique. La justice, nous ne souhaitons que cela, l'homme qui a psalmodié les versets du Coran à l'ouverture est Palestinien proche de Mahmoud Abbas qu'il a accompagné au Vatican." Et de poursuivre : "Moi, je défends les intérêts de l'humain d'où qu'il vienne et les Palestiniens acceptent ce que je dis." Face aux enjeux et conflits qui marquent bien des parties du monde et surtout les pays arabes, les inégalités y régnant y compris dans les conflits, Cheikh Bentounes aura encore une réaction vive. "Je ne suis pas un pacifiste, je suis un homme de paix, un humain et nous voulons rappeler aux Etats leurs engagements pour la paix, mais il y a des intérêts mesquins qui empêchent cette paix." Le guide spirituel de la Tariqa Alawiya tiendra à rendre un hommage appuyé au ministre algérien des Affaires religieuses, critiqué de toutes parts suite à certaines de ses prises de position concernant la réouverture des lieux de culte pour les juifs et la référence à l'islam de Cordoue. "Je le soutiens de tout mon cœur pour son courage." Et de lancer un appel plus tard pour une pétition pour la création d'une journée internationale du mieux vivre ensemble. D. LOUKIL