Dos au mur, Bush crie au loup

Vu de près

L'administration Bush avertit ces derniers jours sur une imminente menace terroriste de grande envergure, soulignant qu'elle se prépare toujours au pire. Bush crie au loup, exploitant à fond la caisse, les sondages établissant que deux tiers des Américains sont convaincus d'être à nouveau la cible d'un attentat.
Pour les observateurs, ces alertes et mises en garde sont à rapporter au contexte préélectoral prévalant aux États-Unis. La conseillère de Bush pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, a estimé que les terroristes choisiraient la période précédant l'élection présidentielle du 2 novembre prochain pour frapper. L'occasion paraît trop belle pour eux pour qu'ils la laissent passer, a-t-elle déclaré sur la chaîne de télévision Fox News.
Le ministre de la Justice, John Ashcroft, s'est lui aussi déclaré inquiet, affirmant n'avoir aucun doute du danger terroriste. “Nous savons, a-t-il annoncé, que les terroristes cherchent souvent des cibles à valeur de symbole.� Outre la possibilité qu'Al-Qaïda tente de perturber la tenue des élections, comme à Madrid le 11 mars passé, juste avant les législatives qui ont sanctionné le Parti populaire d’Aznar (que les Espagnols ont désavoué pour mensonge sur les commanditaires des attentats), le ministre de la justice américaine appréhende aussi des attaques contre la réunion des chefs d'État du G8 en juin prochain en Géorgie (États-Unis) et les festivités du 4 juillet, journée de la proclamation de l'indépendance des États-Unis. La chaîne de télévision CNN n’a cessé, de son côté, de se faire l’écho de préoccupations de responsables de la lutte antiterroriste face à l'éventualité d'un attentat contre des trains transportant des produits toxiques ou prenant pour cible des usines chimiques ou des installations nucléaires. Comme pour mieux ajouter à ces informations inquiétantes, la Chambre des représentants a adopté une loi surnommée par les médias américains “loi de l'Apocalypse�.
Ce dispositif prévoit qu'en cas d'attentat majeur contre le Congrès et du décès d'au moins 100 députés, des élections spéciales seront organisées ! De quoi susciter de sérieuses inquiétudes chez l’Américain moyen ! Le niveau d’alerte sécuritaire est au jaune (élevé) depuis janvier dernier, mais aucune mesure particulière n'a été annoncée. Pas plus que des appels lancés à la population pour qu'elle redouble de vigilance. Le secrétaire à la Sécurité intérieure, Tom Ridge, a tenu à rassurer les populations, affirmant que les autorités sont préparées et mobilisées contre toute forme de menace.
Nous n'avons pas besoin de changer le niveau d'alerte pour améliorer la sécurité, a ajouté celui qui a instauré en mars 2002 cette échelle de couleurs accompagnant la lutte antiterroriste à l’intérieur des États-unis.
En réalité, même si la menace terroriste est omniprésente, c'est comme si l'administration Bush voulait faire partager aux américains et au reste du monde ses craintes d'un attentat de grande envergure, et faire oublier du même coup les déboires de son aventure en Irak dont les développements rappellent, en tous points de vue, la débâcle américaine au Vietnam. Pour le rival de Bush, John Kerry, l’Irak est le Vietnam de Bush.
D. B.