Il n'a pas fallu beaucoup de concessions aux Américains pour que le front des pays opposés à la guerre contre l'Irak vole en éclats. Washington a fini par faire plier les plus irréductibles des anti-guerre, notamment la France, l'Allemagne et la Russie. La nouvelle résolution américano-britannique sur le transfert de la souveraineté aux Irakiens est passée comme une lettre à la poste au Conseil de sécurité des Nations unies. Le vote à l'unanimité constitue la meilleure preuve de l'alignement de tous les membres du Conseil de sécurité sur la position de la coalition. Il faut dire que les Etats-Unis n'ont pas eu besoin de faire beaucoup de concessions pour parvenir à ce surprenant revirement dans les positions de ceux qui n'ont pas cessé de contester systématiquement pendant pratiquement une année et demie tout ce que les Américains et les Britanniques entreprenaient en Irak. Aujourd'hui, tout rentre dans l'ordre, alors que le fond du problème, à savoir la présence militaire des coalisés en Irak, est toujours là. En effet, la nouvelle résolution du Conseil de sécurité ne fixe aucune échéance ferme quant à un départ des forces de la coalition. Pis, le gouvernement intérimaire irakien ne possède même pas un droit de veto pour s'opposer aux opérations des forces militaires étrangères présentes sur le sol de son pays, qu'il jugerait comme une violation de ses prérogatives. Il est simplement fait référence dans le nouveau texte onusien à une “étroite collaboration” entre les dirigeants irakiens et les responsables des armées coalisées. Comment ose-t-on parler de souveraineté pour un peuple qui demeure toujours sous “la botte” d'une force étrangère, qui a la charge de lui assurer sa sécurité contre son gré ? C'est l'amère vérité, l'Amérique continue à occuper l'Irak, avec la bénédiction cette fois-ci de la communauté internationale. Cette dernière a fini par faire passer ses propres intérêts avant ceux de l'Irak, en acceptant de légitimer l'occupation de ce pays. Il est clair qu'en contrepartie, l'Administration Bush a consenti à partager le gâteau avec ses alliés retrouvés, qui, emportés pendant un certain temps par leur appétit boulimique, avaient cru bon de s'opposer au “gendarme du monde”, pensant le faire plier. Il n'en fut rien ! La vieille Europe s'est rendue à l'évidence qu'il valait mieux avoir de son côté la première puissance mondiale que contre soi. Même s'il a laissé des plumes dans cette entreprise risquée, George Bush a réussi grâce à sa persévérance et sa force de persuasion hors du commun à rallier à son point de vue ses plus farouches opposants sur la scène internationale. Reste à savoir maintenant s'il pourra répercuter ce succès sur la scène interne, où il a perdu beaucoup de points. Il aura toutes les peines du monde à convaincre les deux Américains sur trois qui ne sont plus d'accord avec sa gestion du dossier irakien de la justesse de ses vues. À moins de cinq mois de l'élection présidentielle américaine, sa mission s'annonce des plus ardues, surtout que son adversaire démocrate, John Kerry, a gagné beaucoup de terrain. Stockholm rend hommage aux efforts de Brahimi La Suède s'est réjouie, hier, du vote la veille par le Conseil de sécurité de l'Onu de la résolution sur le transfert de souveraineté à l'Irak, saluant au passage le travail accompli par l'envoyé spécial de l'Onu en Irak, Lakhdar Brahimi. “Grâce aux efforts intenses de l'envoyé spécial de l'Onu Brahimi, un gouvernement intérimaire est prêt à prendre la responsabilité d'un Irak indépendant d'ici quelques semaines”, a réagi la ministre suédoise des Affaires étrangères Laila Freivalds dans un communiqué. K. A.