C'est en fonction de l'issue des débats que les Etats-Unis décideront s'ils présenteront au vote ou non le projet de seconde résolution ouvrant la voie à l'usage de la force. “Les Etats-Unis décideront en début de semaine prochaine quand ils soumettront au vote une nouvelle résolution”, a affirmé le chef de la diplomatie américaine, avant d'ajouter : “Nous allons attendre que Hans Blix et Mohamed El-Baradeï ont à dire dans leur rapport vendredi.” Ces propos démontrent l'importance qu'accorde l'Administration Bush à la réunion publique de demain du Conseil de sécurité au niveau des ministres des Affaires étrangères. Les Américains comptent inverser la tendance, qui était favorable à un règlement pacifique. Ils auraient perçu la dernière séance, tenue à huis clos, favorable à leur thèse, d'où la confiance affichée par Colin Powell quant aux chances d'adoption d'une résolution ouvrant la voie à un recours à la force pour désarmer l'Irak. Selon lui, Washington s'est assuré les voix nécessaires à cet effet. Le secrétaire d'Etat américain ne semble pas accorder beaucoup d'importance à cette résolution si l'on se fie à ses déclarations à la chaîne de télévision russe ORT : “Les Etats-Unis, avec ou sans le soutien de l'ONU, dirigeront la coalition de pays prêts à se joindre à eux pour désarmer l'Irak par la force.” Il a cependant précisé que ceci se fera en cas d'échec des moyens pacifiques. Du côté des opposants à la guerre, c'est le statu quo. Moscou affiche plus ouvertement son intention d'user de son droit de veto pour empêcher l'adoption de la résolution autorisant le recours à l'intervention militaire. Cette hypothèse a été confirmée par le ministre russe des Affaires étrangères russe après sa rencontre avec son homologue britannique Jack Straw mardi dernier à Londres. “Si nécessaire, la Russie peut recourir à ce droit”, a déclaré Igor Ivanov à la BBC. Cette position est partagée par Paris. Dans un entretien téléphonique mardi soir, Vladimir Poutine et Jacques Chirac ont affirmé que “la France et la Russie conservent la même approche et leur attachement au désarmement de l'Irak dans la paix”, a annoncé le porte-parole de l'Elysée, Catherine Colonna. Ces deux pays tablent pour l'instant sur l'absence des neuf voix indispensables aux Etats-Unis pour faire adopter la nouvelle résolution. Les rapports que présenteront demain le chef des inspecteurs, Hans Blix, et le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed El-Baradeï, renforceront inévitablement un camp ou l'autre. Une chose est cependant sûre. Les récentes concessions accordées par les autorités irakiennes consistant en le début de l'opération de destruction des missiles Somoud II, la délivrance d'informations sur les produits chimiques utilisés dans la fabrication d'armes biologiques et la possibilité d'interroger plus facilement les scientifiques irakiens, font pencher la balance du côté de Bagdad, bien que Hans Blix soit décidé à critiquer la coopération de l'Irak, qui varierait en fonction de la pression exercée par la communauté internationale. En attendant un vote sur une résolution qui ouvrirait la voie à la guerre, Washington ne perd pas son temps et accentue sa pression sur les six pays, membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, susceptibles de faire pencher la balance dans un camp ou dans l'autre. K. A. La Russie évacue ses ressortissants de Bagdad Entre 600 et 650 Russes travaillant en Irak quitteront le pays d'ici lundi prochain à bord d'avions du gouvernement, a annoncé mardi dernier l'ambassadeur de Russie à Bagdad à la télévision publique russe RTR, refusant toutefois de parler d'une “évacuation”. Selon l'ambassadeur, ce “retrait” sera effectué avec des avions du ministère des situations d'urgence. De nombreux Russes vivant en Irak travaillent dans l'industrie pétrolière ou la construction. La semaine dernière, le ministère russe des Affaires étrangères avait conseillé aux familles de diplomates russes de quitter le pays. La Russie est opposée à une guerre en Irak et soutient un règlement pacifique de la crise par le biais des inspections en désarmement de l'ONU. 86% des Allemands contre une guerre en Irak Une écrasante majorité des Allemands (86%) se dit opposée à une guerre en Irak, dans un sondage à paraître aujourd'hui dans l'hebdomadaire Stern. Seuls 10% des personnes interrogées sont favorables à une guerre en Irak, 4 % n'ayant pas d'opinion. En revanche, 35% approuveraient une participation militaire allemande si les Nations unies décidaient le principe d'une intervention militaire, contre 61% d'opinions contraires. 83% des personnes interrogées contestent une intervention des Etats-Unis sans mandat des Nations unies. Le sondage a été réalisé par l'institut forsa du 27 au 28 février sur un échantillon représentatif de 1 001 personnes.