“Le combat de l'heure aujourd'hui est celui de la défense des libertés publiques au sens général du terme. C'est-à-dire la défense de la liberté d'expression, des libertés syndicales, de la justice...” a expliqué, jeudi dernier, Saïd Sadi, le président du RCD devant les membres du conseil national de son parti, réunis en session ordinaire au centre culturel d'El Biar. La priorité donnée par le patron du Rassemblement à la défense des libertés est en rapport avec les menaces qui pèsent sur elles notamment depuis la reconduction de Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat. “Le RCD constate que la fraude générée par les tenants du statu quo, ne visait pas seulement le maintien du régime. Le score de 85% délivrait, aussi, un avertissement à toutes celles et à tous ceux qui œuvrent au changement démocratique dans notre pays”, lit-on dans les résolutions du conseil national du parti en ce sens que “le score brejnévien de 85% se révèle, aujourd'hui, comme une stratégie du pouvoir”. Dans cette stratégie du pouvoir de mettre au pas les libertés publiques, la justice en constitue un moyen de contrôle de la vie politique. Et les exemples en la matière sont légion : “La presse indépendante vient de subir, à Djelfa, le comble de l'arbitraire à travers la condamnation de M. Hafnaoui Ben Ahmed Ghoul ; après le SNAPAP, ce sont les syndicats autonomes du secteur de la santé qui font face aux pressions et menaces annonçant la répression judiciaire et administrative ; les militants des droits de l'Homme sont sommés de renoncer à leur mission sous peine de représailles de la justice ; dans les Aurès et dans le Sud, enlèvements et tortures ne rencontrent que de vagues dénégations des institutions, pendant que le chef de l'Etat expose les vertus de sa gouvernance devant le G8”, note le communiqué du conseil national. Le RCD est à ce propos tout autant ciblé par l'appareil judiciaire que la société civile. Selon les résolutions du CN, le Rassemblement est “confronté à quatre procès, tous aussi iniques les uns que les autre : À Alger, la justice est saisie pour faire évacuer notre parti d'un siège qui lui a été affecté, depuis 1990, par l'Etat, au même titre que les autres formations politiques légales. À Azazga, deux militants croupissent en prison sur la base d'un dossier vide, et le magistrat instructeur, sous l'influence de la police, refuse d'entendre les témoins à décharge et cautionne le délit de subordination de témoins. À Béjaïa, un membre du conseil national et ancien responsable de la région est condamné à un an de prison ferme pour un document dont il n'est pas l'auteur. À Blida, le wali poursuit le premier vice-président du RCD pour une diffamation imaginaire et diligente sur Béjaïa une escouade de policiers pour matérialiser sur le champ sa plainte”. La Kabylie n'est pas en reste de la stratégie répressive du régime de Bouteflika : “Embourbé en Kabylie, depuis trois ans, le pouvoir s'est impliqué dans un partenariat maffieux où le recyclage politique de la délinquance inscrit dans une stratégie de corruption institutionnalisée remplace l'administration de l'Etat”, relèvent les membres du conseil national du parti. Evoquant dans le même ordre d'idées la révolte populaire qui ne cesse de se propager dans le pays, le conseil national du parti de Saïd Sadi relève que “dans toutes les régions d'Algérie, la continuité du régime, après le 8 avril, reconduit le mouvement de contestation généralisé qui amène le citoyen à une expression échappant à des cadres institutionnels sans légitimité, ni représentativité”. Pour Saïd Sadi qui s'exprimait dans une allocution d'ouverture au conseil national “la seule volonté clairement affichée du pouvoir est celle de réprimer la société dans tous ses segments”. Toutefois, il existe à ses yeux “une grande opportunité à lancer le combat pour la défense des liberté”. Son argument est que “dans les grands moments de crise politique en Algérie, c'est toujours autour des défenses des libertés que le peuple algérien s'est retrouvé”. Il expliquera que “lorsque le PPA a commencé à connaître un essoufflement, les Algériens ont rebondi politiquement autour du MTLD”. Pour Saïd Sadi “l'histoire se répète un peu aujourd'hui”. C'est pour cela d'ailleurs que l'université d'été du RCD prévue les 2 et 3 septembre prochain à Tipasa sera essentiellement axée sur le thème des libertés publiques. Une rencontre nationale des étudiants est également programmée en juillet prochain par le parti. N. M.