Les deux coups de patte de Zinédine Zidane contre l'Angleterre (2-1), pour le premier match de la France dans l'Euro-2004 de football, ont permis aux Français de chasser définitivement les vieux démons du Mondial-2002 (0 but) sans résoudre pour autant le problème de l'animation offensive. Zidane comme le sélectionneur Jacques Santini, reconnaissent, d'ailleurs sans se faire prier, que l'équipe de France “n'a pas su trouver de solution sur ses points forts”, c'est-à-dire un secteur offensif qui est décortiqué par tous les adversaires. Thierry Henry est l'objet de toutes les attentions, car il fait peur à toutes les défenses avec ses 30 buts en Premier League anglaise cette saison, sans parler de ses 15 passes décisives. Or, la poudre du Gunner est mouillée avec l'équipe de France, où il n'arrive pas à faire la différence et reste muet depuis six rencontres, même si sa remise de la tête décisive pour Zidane fut décisive contre l'Ukraine (1-0, le 6 juin en amical). “Les défenseurs anglais qui évoluent contre lui en Premier League ne jouent pas de cette façon habituellement”, analyse Santini qui ne se pose pour autant pas trop de questions sur le manque de réussite de son buteur. “Je le trouve bien, même s'il ne réussit pas à marquer. Il se met peut-être une pression supplémentaire, comme c'est maintenant un joueur cadre de l'équipe”, lâche-t-il tout au plus. Pourtant, aussi bien contre l'Ukraine que contre l'Angleterre, Thierry Henry a clairement donné l'impression de souffrir d'un manque d'espace, de ne pas réussir à trouver sa véritable position sur le terrain. Un peu comme s'il était coincé entre la position axiale de Zidane et celle de David Trezeguet, qui rôde sans cesse dans la surface adverse. Lors de l'Euro-2000 (3 buts), Henry, benjamin des champions du monde 98, avait été élu à trois reprises meilleur joueur du match avec notamment un but d'anthologie lors du match d'ouverture contre le Danemark après une course de 60 mètres consécutive à une somptueuse ouverture de... Zidane. Or, depuis cette action, si l'on consulte les statistiques, Zidane n'a plus jamais réussi à offrir une passe décisive à son complice. Ainsi, contre l'Angleterre, les deux joueurs se sont retrouvés souvent très proches l'un de l'autre, sans espace ni solution. “C'est bien quand “Titi” est redescendu un peu en seconde mi-temps et qu'il s'est décalé sur le côté gauche. Cela lui a donné plus d'espace et permis de placer ses accélérations”, analyse Zinédine Zidane. Sur l'action qui amène le penalty de la victoire, Santini souligne, pour sa part, que “Henry est présent à l'arrivée alors qu'il était à trente mètres au départ”. Ainsi, dans un Euro où les équipes passent plus de temps à faire déjouer l'adversaire plutôt qu'à chercher à construire, il ne faut pas s'attendre à voir de folles chevauchées du Gunner comme en Championnat d'Angleterre. Henry sait qu'il ne doit pas focaliser sur son manque d'efficacité. D'ailleurs, en soulignant que “c'est un point positif de prendre conscience que l'on a été moins bon dans le jeu”, Zinédine Zidane a laissé entendre que ce sujet était à l'ordre du jour dans le jardin secret des Bleus.