Après une entrée en demi-teinte dans le tournoi, l'équipe de France de football, en quête de repères, ne doit pas se contenter d'un nul contre la Suisse, aujourd'hui, à Coimbra, même si ce résultat la qualifierait pour les quarts de finale de l'Euro 2004. Malgré les Suisses qui conservent un mince espoir de s'extraire du groupe B, les Bleus devraient, sauf catastrophe, être en quarts (une défaite ne les éliminerait même pas forcément). Pour autant, en auront-ils terminé avec leurs interrogations après ces 90 minutes ? Aujourd'hui, en tête de leur poule, ils ont déjà eu beaucoup de chance. Sans elle, sans le pied de Zidane contre l'Angleterre (2-1) et la main de Trézéguet face à la Croatie (2-2), ils ne seraient sans doute plus en course. Et personne n'aurait trouvé à y redire tant ils semblent par moments sans idées et sans ressources. “On a démontré notre force de caractère, plaide Henry. Notre jeu n'est pas extraordinaire, mais on fait des résultats. Cela ne peut qu'aller mieux.” “On a dit qu'on ne s'était pas battus au Mondial 2002. Cette fois-ci c'est le cas et on va essayer d'y ajouter la manière”, poursuit-il. L'étroite surveillance dont il a fait l'objet avec Trézéguet, conjuguée à l'absence de bons ballons, n'a en effet pas permis aux Bleus de retrouver leur allant offensif face à des blocs adverses. Preuve supplémentaire : de leurs quatre buts marqués, aucun ne résulte d'une action construite. “On ne marque pas sur de belles phases de jeu. On grappille, admet Henry. Il faut essayer de mettre de l'animation, et, surtout, de jouer plus vite afin de casser le train-train.” Ce manque de surprise, c'est aussi ce qui semble marquer le 4-4-2 de Santini, aujourd'hui parfaitement décrypté par l'adversaire. Ressurgissent donc les hypothèses de changement de système avec, entre autres options, trois récupérateurs derrière Zidane en milieu axial. Pour autant, peut-on changer après deux ans dans ce système ? Si le sélectionneur ne l'a pas formellement écarté, les joueurs voient les choses d'une autre manière. “Peu importe le système, il faut que chaque joueur fasse le minimum au niveau du replacement défensif”, argue Vieira. “Pas de panique”, la défense cause en effet également quelques soucis. Imperméable 1 078 minutes durant, elle vient d'encaisser trois buts en 142 minutes. “Il n'y a pas de panique, mais cela interpelle”, admet Vieira. Contre les Croates, elle fut fébrile, à l'image d'un Desailly sans ressort, qui pourrait ne pas être reconduit, et, privée de ses deux latéraux, Sagnol et Lizarazu, remplacés par des défenseurs centraux (Gallas et Silvestre), elle ne pesa jamais offensivement. Si les deux latéraux de métier devaient revenir contre la Suisse, qui sera obligée de se découvrir puisque seule une victoire peut la qualifier, les Français pourraient offrir un visage plus dynamique et plus cohérent pour attaquer. D'autant que les Bleus, qui auraient pu faire tourner leur effectif en cas de qualification après le 2e match, n'auront guère le loisir de s'économiser, au risque que le match pèse ensuite lourd dans les jambes. En 1998 et 2000, le 3e match, celui des “coiffeurs” (remplaçants), avait idéalement permis de faire souffler les titulaires. “On a des difficultés, mais on parvient quand même à gagner. Le mental est là pour redresser des situations invraisemblables”, insiste Henry, avant de conclure, direct : “Va falloir maintenant passer à autre chose.” Gagner avec la manière, par exemple. Programme Groupe B Croatie - Angleterre à 19h45 Suisse - France à 19h45