L'Organisation de la Conférence islamique (OCI) tient sa conférence à Istanbul, juste après le sommet des grands du monde, le G8, et à quelques jours du sommet de l'Otan, prévu en Turquie. La réunion des chefs de la diplomatie des 57 membres de l'OCI, qui se termine aujourd'hui, devait plancher sur la situation qui prévaut dans le monde musulman, avec l'entrée en fonction des nouvelles autorités irakiennes le 30 juin, la recrudescence du terrorisme en Arabie Saoudite et les attendus du G8 concernant la démocratisation de cette vaste région comprise entre la Mauritanie et l'Afghanistan. L'OCI, dont le dernier sommet en Asie devait marquer l'entrée en lice de l'islam asiatique, doit réaffirmer l'attachement de ses membres à la lutte contre le terrorisme international. Cependant, pour l'organisation, cette lutte à laquelle elle souscrit, demeure encore assez ambiguë. D'où son appel à la tenue d'une conférence internationale sous les auspices de l'ONU, pour définir le concept de terrorisme et faire la distinction légale entre terrorisme et résistance. Cette question de sémantique cache, en fait, tout l'embarras dont est frappée la majeure partie des pouvoirs en terre d'islam, lorsqu'il s'agit d'aller au fond de la problématique terroriste. De Nouakchott à Kaboul, en passant par Manille, Djakarta et la capitale malaise, le terrorisme est dénoncé comme un épiphénomène et non comme l'aboutissement de l'islamisme politique radical. L'Arabie saoudite, qui fait face aux assauts répétés du terrorisme islamiste, refuse d'admettre que sa situation est conséquente de son wahhabisme. Alors que les commanditaires des attentats, eux, ne cachent pas l'objectif de nettoyer le siège des Lieux Saints de l'islam des mécréants. À commencer par la famille régnante. Pour les pouvoirs musulmans, la religion demeure un fonds de commerce, un levier indispensable pour l'exercice de leur autorité, généralement honnie par les populations. Accusé de complaisance, Riyad a déclaré la guerre à quelques-uns de ses prédicateurs extrémistes. Principalement, des petits couteaux. Les ténors du wahhabisme, eux, font bon ménage avec la famille royale tant que n'est pas bousculé l'ordre religieux qui régente la vie politique et sociale. Le prince héritier de l'Arabie Saoudite a décliné l'invitation du G8 pour ne pas accroître les ressentiments des salafistes à l'égard de sa famille. Le G8 a adopté la semaine dernière un partenariat pour le progrès et un avenir commun avec la région du Moyen-Orient élargi, appellation venue remplacer le terme de Grand-Moyen-Orient qui avait provoqué les réserves du sommet arabe réuni le mois dernier à Tunis. Ce partenariat qui veut s'étendre du Pakistan à la Mauritanie, en passant par l'Iran, l'Irak, la Syrie, le Liban ou encore le Maghreb, concerne des pays musulmans qui vont réaffirmer à Istanbul leur refus de toutes réformes imposées de l'extérieur, tout en appelant à une plus grande ouverture politique dans leurs pays. Les chefs musulmans estiment gagner du temps mais jusqu'à quand ? Le feu couve dans tous ces pays où ne souffle que le vent de l'extrémisme. D. B.