L'équipe de France de football, incapable de tuer un match qu'elle avait pourtant bien en main contre la Croatie (2-2), est désormais condamnée à ne pas perdre son troisième match du groupe B de l'Euro 2004 contre la Suisse pour accéder aux quarts de finale. “Nous avons eu énormément de chance. C'est un miracle si nous ne perdons pas”, commentait à chaud Fabien Barthez, initiateur de la série miraculeuse en cours, lors du premier match contre l'Angleterre (2-1), avec son intervention inspirée sur le penalty de Beckham. Le sélectionneur Jacques Santini, pour sa part, préférait expliquer cette contre-performance par des arguments techniques à l'image du grand nombre de ballons perdus et d'un certain laxisme dans le remplacement défensif. Cette analyse relève effectivement du constat de base d'un match que les Français, bénéficiant d'un indéniable facteur chance sur le premier but, ont été incapables de maîtriser en laissant les Croates prendre confiance. “Il y a de la déception, car on s'imaginait peut-être déjà qualifiés pour les quarts de finale”, lâchait le capitaine Marcel Desailly, un peu comme s'il voulait mettre sur le dos d'un simple excès de confiance la faillite collective d'une équipe. Car, à force de répéter que la France a les meilleurs attaquants du monde, on oublie que le “serial buteur” de la Premier League (30 buts), Thierry Henry, n'a plus marqué avec l'équipe nationale depuis six rencontres. David Trézéguet, toujours aussi opportuniste, a inscrit jeudi son premier but lors de ses cinq derniers matches de phase finale (Mondial 2002 et Euro 2004). Même si l'on ne change pas une équipe qui ne perd pas, avant le match contre la Suisse il s'agit sans aucun doute d'un bon sujet de réflexion pour le sélectionneur qui reconnaissait à chaud : “Nos deux attaquants ont des affinités dans le jeu [...] mais aucune équipe ne va nous laisser jouer sur nos points forts.” Le secteur défensif n'est pas mieux loti. Le retour de Marcel Desailly est difficilement explicable. En tant que joueur, comme il l'avouait lui-même, il n'a plus ses “jambes de 26 ans”. Cela s'est d'ailleurs vu sur le deuxième but croate où sa responsabilité est engagée. Il n'apporte rien non plus au niveau de la relance dans la mesure où il n'a franchi qu'une seule fois la ligne médiane. Comme capitaine, même s'il rechigne à porter le brassard, c'est en fait Zidane qui est le véritable patron, comme on a pu le voir après le but de Prso, quand le Madrilène a rassemblé ses troupes pour essayer de relancer la machine. Par ailleurs, en raison du type de football attentiste qui caractérise cet Euro, la solution semble devoir passer par les couloirs pour élargir le front de défenses regroupées. Pour assurer la qualification contre la Suisse, les Bleus vont maintenant devoir réagir et puiser un peu dans leurs réserves. Un moindre mal si cela leur permet de trouver une solution à leurs problèmes.