Son parcours de premier de la classe depuis deux ans n'a pas préparé l'Allemagne à une défaite aussi cinglante que celle concédée contre la Croatie (2-1, Gr. B) jeudi, mais le sélectionneur Joachim Löw assure que son équipe a assez de caractère pour atteindre les quarts de finale de l'Euro-2008. Au lendemain de sa troisième défaite — et sans conteste la plus embarrassante — en 24 matches internationaux à la tête de l'Allemagne, Löw n'a aucun doute : “Il ne faut pas tout remettre en cause, il y a, bien sûr, des corrections à apporter, mais je ne vois aucune raison de dévier de la route qui nous a apporté tant de succès depuis trois ans”, a-t-il martelé. Quelques heures plus tôt dans les couloirs du stade de Klagenfurt, le sélectionneur allemand était pourtant apparu désemparé après la catastrophique prestation de son équipe qui, en 90 minutes, avait dilapidé son statut de favori de l'Euro-2008. Dès son arrivée à Ascona, le camp de base de la Nationalmannschaft en Suisse italienne, peu avant minuit, Löw s'est enfermé avec ses adjoints pour analyser le match. Vendredi matin, pendant que les remplaçants participaient à une séance de décrassage, dirigée par son adjoint Hans-Dieter Flick, Löw entamait une tournée des popotes avec un long entretien avec son capitaine, puis des discussions individuelles avec chaque joueur. Il leur a répété un message simple, qu'il a ensuite martelé avec une passion rare pour cette personnalité plutôt réservée, lors du point de presse quotidien : “Nous avons déjà connu des revers dans le passé et l'équipe a toujours réussi à se relever”. Depuis sa prise de fonction, les revers en question sont pourtant limités : jusqu'à jeudi, deux défaites, l'une en match amical contre le Danemark (1-0, mars 2007) et l'autre contre la République tchèque (3-0, octobre 2007) quelques jours seulement après avoir obtenu le billet pour l'Euro-2008. Mais Löw ne doute pas que ses joueurs sauront retrouver “leur football offensif avec beaucoup de mouvements, d'appels de balle et une présence de tous les instants” contre l'Autriche lundi à Vienne. Le message est sans conteste bien passé. “Il faut être prudent dans l'interprétation de ce match. Nous avons tout simplement oublié notre football. Peut-être après la victoire contre la Pologne (2-0), on s'est cru plus avancé qu'on était, mais cela n'a aucun sens après un match de dire que tout est foutu”, a insisté Christoph Metzelder. Son partenaire en défense, Philipp Lahm, touché à un mollet et dispensé d'entraînement vendredi comme Lukas Podolski et Marcell Jansen, s'est montré tout aussi optimisme : “L'équipe n'est pas abattue, car nous avons encore tout en mains, il n'y a aucune raison de paniquer.” Retranchés dans leur coquet centre d'entraînement de Tenero, fermé au public, et dans leur hôtel d'Ascona, loin de l'agitation du tournoi, les Allemands assurent ne pas avoir abordé le match contre la Croatie avec un excès de confiance. “On n'est pas ici en vacances, on est là pour s'entraîner. Bien sûr, l'intensité des entraînements ne peut pas être forte quand on joue tous les quatre jours, mais il ne faut pas paniquer”, a demandé le défenseur du Bayern aux journalistes. Mais des ambitions de titre, il n'est plus question, en tous cas ouvertement. “On se concentre sur le match contre l'Autriche, comme s'il s'agissait d'une finale”, a conclu Löw, confirmé dans ses fonctions par sa fédération “quoi qu'il arrive”.