Les Allemands se sont juste contentés d'assurer leur qualification pour les quarts. A défaut de convaincre, l'Allemagne a assuré l'essentiel en battant l'Autriche (1-0) grâce à un but de Michael Ballack et sera en quarts de finale de l'Euro 2008. Les Allemands terminent deuxièmes du groupe B et joueront leur place dans le dernier carré face au Portugal. L'Autriche sort de son Euro. Le pouvoir des grands joueurs, c'est, entre autres, d'être capable de sauver la patrie. Bon, on ne va pas surjouer la dramatique du but de Ballack car il n'y avait franchement pas le feu au lac. En revanche, c'est aussi le talent des stars que d'être capable de sortir un match de l'ennui profond. Et en ce sens, la réalisation de Ballack se pose là. Un véritable éclair en forme de coup de tonnerre sur un coup-franc de mammouth du meneur allemand de Chelsea. Pour le reste, la rencontre fut d'une immense tristesse, bien loin en tout cas des quelques séquences offensives proposées par d'autres escouades, comme les Pays-Bas ou l'Espagne. L'Autriche, elle, reste sur le pas de la porte, comme la Suisse quelques jours plus tôt. Le plus grave peut-être, c'est que personne n'attendait un autre résultat. Les instances autrichiennes n'ont pas fini de se casser la tête pour sortir cette nation historique du jeu de son marasme. Au-delà des atermoiements des spectateurs en quête de frissons, l'Allemagne ne semble pas disposée à faire la fine bouche. Elle est en quarts de finale, tout le reste n'est que littérature. Pour remplir son contrat, il ne lui suffisait que d'un petit point. Elle a fait un peu mieux en s'octroyant les trois points de la victoire, certes acquise sur fond de service minimum. À l'heure où les deux derniers finalistes de «sa» Coupe du monde 2006 (Italie et France)» connaissent les pires difficultés pour sortir des poules, la Mannschaft sait savourer son accession aux quarts, ce qui ne lui était pas arrivé à l'Euro depuis douze ans. Cette année-là, elle était allée au bout...Pourtant, malgré ce clin d'oeil historique, l'Allemagne inquiète. Plusieurs observateurs attentifs avaient évoqué la possibilité que le recordman de victoires dans la compétition (3), soit un peu surcoté dans la foulée d'une Coupe du monde aussi réussie que flatteuse (demi-finaliste). Après les trois matches de poule, deux constats s'imposent comme des évidences: d'une part le groupe B comportait probablement les deux formations les plus faibles de la phase finale (Pologne et Autriche); de l'autre l'Allemagne n'est pas au niveau des favoris auxquels elle semblait prétendre avant le début du tournoi. Sa chance, c'est que le deuxième constat n'est pas figé dans le marbre et peut évoluer, même si on a du mal à imaginer les Allemands se transformer en foudres de guerre. Le latéral gauche, Philipp Lahm, ne cherche pas à feinter l'auditoire: «Nous pouvons nous améliorer dans tous les domaines.» Pas mieux! À l'image, devant, d'un Mario Gomez qui semble se mouvoir avec un scaphandrier, la Mannschaft est plus que poussive en attaque fantôme, inconsistante au milieu et fébrile en défense, ce que n'a pas manqué d'exploiter la Croatie, la seule équipe crédible du groupe. Ballack a beau chercher à couvrir ses partenaires, on peine à suivre: «C'était un combat!» Cette Autriche, un combat? Vraiment? Si tel est le cas, le milieu des Blues ferait bien d'exhorter ses camarades à s'échauffer dès maintenant à quelques jours du choc face au Portugal. Dans l'imaginaire collectif, l'Allemagne a longtemps figuré un formidable diesel, aussi lent au démarrage que puissant en fin de compétition. Mais aujourd'hui?