Liberté : Pouvez-vous situer les origines de l'explosion à la centrale électrique du Hamma ? M. Bouterfa : Les vérifications sont en cours. Les premières réponses indiquent que l'origine de l'explosion se situe au niveau de la zone du système auxiliaire de refroidissement où les alternateurs sont refroidis à l'hydrogène* . Il y a dans cette zone de petits réservoirs d'hydrogène. Ce combustible peut être très nocif. Il peut être dangereux. Des fuites d'hydrogène sont suspectées. En d'autres termes, ce n'est pas une zone centrale de production. Elle est éloignée des turbines. Ce qui fait que les deux turbines (le cœur de production de la centrale) n'ont pas été affectées par l'explosion. Cela explique pourquoi aucun agent d'exploitation n'a été blessé. Les blessés, au nombre de cinq, légers de surcroît, ont quitté tous l'hôpital. Ils font tous partie du service de gardiennage de la centrale. La turbine, la plus proche de l'enceinte extérieure, a été arrêtée pour vérification. L'autre turbine fonctionne. Bien que la centrale du Hamma ait été mise hors de service par mesure de sécurité juste après l'explosion, le plan de défense a bien fonctionné. Lundi à 22 h, 400 MW, niveau de production de la centrale étaient hors service. Il n'y a pas eu pourtant de coupures d'électricité. Et il n'y aura pas en principe de délestages d'électricité ni cet été ni au cours de l'hiver 2004-2005. Nous avons suffisamment de réserve pour faire face à une augmentation brusque de la demande ou à une défaillance d'une installation de production. Le choix du site de la centrale au cœur de la capitale ne semble pas approprié au plan sécuritaire… Pas du tout. Le choix du site de la centrale est approprié. Il faut comprendre que sur le site du Hamma fonctionnait déjà une centrale. La nouvelle centrale est venue sur le même site renforcer et sécuriser l'alimentation en électricité de la capitale. Elle était programmée depuis bien longtemps. Il faut savoir également qu'en plein cœur de Paris, il y a une centrale électrique en production. En revanche, nous allons fermer les centrales de Bab-Ezzouar et du port d'Alger parce qu'elles sont désaffectées. La centrale du Hamma n'est pas au point au regard des multiples incidents qu'a connus l'installation. Le contrat de réalisation a-t-il été bien négocié ? La nouvelle centrale du Hamma est au point. Son exploitation ne pose pas de problème. Le dernier incident, qui s'est produit en 2004, n'est pas dû à la centrale. Des câbles d'évacuation de l'énergie se sont déclenchés. L'incident ne touche pas l'installation de production mais le réseau de transport. Il a démontré que le plan de défense a, là aussi, bien fonctionné. Le système d'alimentation en électricité ne s'est pas effondré. Il n'y a pas eu de coupures d'électricité. Pensez-vous que toutes les mesures sont prises par Sonelgaz pour sécuriser ses installations ? Nous essayons de sécuriser le réseau et de renforcer les interconnexions pour éviter aisément tout black-out. L'investissement est en cours. En particulier pour l'interconnexion Est-Ouest. C'est un chantier de trois à quatre ans. Outre la formation des agents dans le domaine de la sécurité, nous avons un système de surveillance automatique des installations, du réseau de transport pour détecter et prévenir une éventuelle défaillance technique. Nous allons réceptionner au courant du second semestre 2004, un nouveau système de dispatching qui inclut tous les moyens de télécommunications pour agir en temps réel, c'est-à-dire instantanément (prévention et détection des pannes, sécurisation des installations...) N. R. (*) La réponse du PDG accrédite la thèse officielle de l'incident technique. Attentat ou défaillance technique ? Attendons les résultats de l'expertise.